Quiconque traînant un minimum sur booktube connaît la personne de Nine Gorman. Sans même avoir besoin de regarder ses vidéos, son roman, Le Pacte d'Emma, a fait grand bruit bien avant sa sortie. J'avoue, j'étais assez curieuse de voir la chroniqueuse passer de l'autre côté de la barrière en tant qu'auteure.
Il faut savoir que j'ai démarré ma lecture plutôt craintive, j'ai rarement les mêmes avis que l'auteure lorsqu'elle chronique les livres que j'ai lu également, et surtout, l'énorme opération communication menée à la fois par la maison d'édition et par Nine Gorman (en même temps, vu son nombre d'abonnés, elle aurait tort de se priver) m'a mise sur la réserve. Je suis sans doute vieux jeu, mais je me méfie du battage médiatique (méfiante, mais consommatrice tout de même, on notera). Au final, ma lecture s'est révélée conforme à mes attentes.
Le Pacte d'Emma, c'est l'histoire d'Emma (thank you Captain Obvious), une jeune femme atteinte d'une maladie dégénérative qui va la tuer dans très peu de temps. Elle se sait condamnée, mais sa rencontre avec un individu de la caste vampirique va lui redonner espoir, et c'est avec Andrew Anderson, son patron et homme à canines de son état qu'elle va faire un pacte. Elle lui laisse boire son sang jusqu'à ses 22 ans, et le jour de son anniversaire, lui la transforme. Commençons par le positif. L'écriture fluide de l'auteure, les pages défilent toute seule : le récit est dynamique. L'histoire également, puisqu'une fois les différents protagonistes mis en place, les péripéties s'enchaînent, le lecteur n'a pas une minute d'accalmie. En ce qui me concerne, ce point particulier m'a un peu gêné, je préfère les histoires qui prennent leur temps ; là, les personnages n'ont pas le temps d'évoluer dans une configuration que déjà les cartes sont rebattues. Tout va trop vite, cela m'a parfois sortie de ma lecture, mais nulle doute que beaucoup de lecteurs préfèrent leur récit plus mouvementé que moi. Mais c'est ce rythme intensif mène à la vraie critique que j'ai envers Le Pacte d'Emma : les personnages. Ils sont incroyablement unidimensionnels et clichés, la situation de départ est déjà vue 100 fois (si je vous dit qu'Andrew Anderson est le patron d'une multinationale qui pèse dans le game, qu'il est ultra riche, et qu'il peut contempler la plèbe depuis son bureau vitré au 45e étage d'un immeuble new-yorkais, ça vous dit quelque chose ?), et l'auteure n'en tire ni subtilité ni originalité. L'histoire, portée par ses personnages, n'évoluent pas parce qu'eux n'évoluent pas. Je n'ai pas été étonnée par les rebondissements (même s'il me manquait les motifs, je reconnais), qui à l'instar des relations entre tous les protagonistes (Nathan et Emma en tête), n'étaient pas très naturels : la situation changeait parce qu'il le fallait, pas parce que c'était dans l'ordre des choses. Le récit alterne entre les problèmes de santé d'Emma et la relation particulière qu'elle entretient avec Andrew. Surtout, sa relation avec Andrew, et finalement, Le Pacte d'Emma est une romance, dont les péripéties et éléments perturbateurs sont sa maladie à elle et son statut vampirique à lui qui dénote dans l'univers très contemporain. On n'échappe à aucun cliché, la maladie d'Emma est la parfaite excuse pour la rendre maladroite et en besoin d'un sauveur, Andrew est le mâle alpha harceleur par essence, qui ne veut plus aimer, leur relation est impossible, et on alterne beaucoup trop rapidement d'un je t'aime à un moi non plus à un je t'aime trop quand même. Fiou. Je craignais particulièrement ces clichés (l'interview de l'auteure ne m'ayant pas rassurée), comme je le pensais, on reste dans la norme des romances qui font plus de mal que bien, et dont j'essaye de me défaire. Voilà. Je n'étais PAS la cible première de cette lecture. Mais aucun doute qu'elle trouvera son lectorat, avec tous les consommateurs de booktube poussés par la curiosité, et les acheteurs avides d'une histoire rapide à suivre, qui se dévore et aux nombreuses péripéties. Mon plus grand respect tout de même à Mme Gorman pour avoir réussit à sortir son récit de ses entrailles, je lui souhaite le plus de succès possible dans cette nouvelle aventure, mais elle se fera sans moi. En ce qui me concerne, je laisse là Emma et son Mr Anderson.
A lire si :
- Vous aimez les romances paranormales - Vous préférez les histoires très rythmée
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