J'ai besoin de contemporain dans mes lectures en ce moment. Je fais bien quelques passages en Urban Fantasy, mais comme je n'y trouve toujours rien d'intéressant, je me concentre sur le contemporain.
Mais surtout, j'ai besoin de bonnes lectures. Fangirl ne remplit malheureusement que la première de mes exigences. Le titre phare de Rainbow Rowell raconte l'histoire de Cath, une jeune fille de 18 ans qui rentre à l'université. Ce qui distingue Cath des autres filles de son âge, ce qu'elle écrit des fanfictions sur Simon Snow, le Harry Potter de cette réalité. Surtout, Cath écrit des fanfictions qui ont un succès phénoménal, Cath aime écrire, et ses parutions sont on ne peut plus attendues. Pourtant, elle arrive à l'université au fond du trou. Sa sœur jumelle, Wren, qu'elle avait toujours suivi comme son ombre, a formulé le vœu de ne pas être affectée dans la même chambre qu'elle. Trahison ultime, non seulement Wren désire une vie en-dehors de son lien de gémellité (scandale), mais en plus, cela implique que...Cath va devoir parler à des gens. Dans cette chronique, je ne vais pas avoir d'autres choix que de spoiler un minimum quelques péripéties, donc, behold. Parce que l'écriture était agréable sans être exceptionnelle, que le scénario était très peu important puisque l'histoire consiste simplement à suivre Cath dans sa découverte du monde universitaire, l'appréciation du livre tient principalement à une simple donnée : le lecteur apprécie-t-il les personnages ? Dans mon cas, non. Mais alors, pas du tout. Le problème, c'est qu'il s'agit du genre d'histoire où l'on est obligé d'aimer les personnages. L'autrice nous fait suivre les pérégrinations de ses protagonistes, et la fin en elle-même tient lieu de morale. L'alcool c'est pas bien du tout. Être nerd, c'est être tellement plus cool qu'une personne lambda. L'anxiété sociale c'est mignon. Et surtout, surtout, ne sors pas de ta zone de confort. Pour vraiment décrire ce qui m'a déplu il faudrait que je revienne sur chaque scène. Il faudrait au moins tout ça pour expliquer à quel point Cath est décrite comme une super Mary-Sue, dont les choix de vies sont les meilleurs (alors qu'ils l'amènent tout de même à s'affamer pendant un moins parce qu'elle n'ose pas demander où se trouve le réfectoire, à titre d’exemple (et cette remarque vient d’une personne traumatisée par le self du collège où manger seule est la sanction sociale ultime)). Wren, elle, n'est là que pour être son opposition, son opposition qui a tord d'avoir voulu essayer des choses nouvelles. Elle est présentée comme l’immature qui n’a rien compris alors même que certaines des choses qu’elle dit sont vraies, alors même que Cath et son père sont tous les deux complètement paumés (et ce n’est pas mignon). Il faut dire tout de même, rendez-vous compte, que vouloir sortir, ça vous rend nécessairement alcoolique, alors oui, vraiment, restez dans votre chambre. Vous avez des problèmes pour parler au gens ? Ne vous inquiétez pas, des gens bien intentionnés viendront forcément vous chercher, et vous finirez par avoir une vie aussi cool que celle de Cath. Cath qui dans un sens, se prend tout de même pour la plus grosse victime du monde, bouhouh. Ce qui me fait encore plus rager, c'est que j'aurais aimé me sentir proche de Cath. En un sens, j'aurais dû. Je ne suis pas du genre à être un fangirl (j'ai d'ailleurs passé les passages sur le monde de Simon Snow, parce que franchement...on s'en fichait, ça n'a strictement rien apporté), mais pour le reste, tout était bon. Bien sûr que bien des gens s’excitent sur une œuvre de fiction, qu'arriver dans un endroit où tout est nouveau est angoissant pour beaucoup, qu'on s'y prend comme des manches pour draguer, que parfois, tout cela est trop tout, et qu'on a besoin de rester chez soi parce qu'on a besoin de ça pour souffler (on notera qu'au cours de cette phrase, je suis passé de «des gens» à «on», et je ne vais même pas essayer de nier). Si l'autrice insiste bien sur le fait que ce n'est pas la fin du monde, qu'on peut avoir d'autres richesses, il n’empêche que jamais Cath ne sors de sa zone de confort. Tout lui tombe pré-cuit dans la bouche, elle se contente de rester dans son petit monde de nerd, sans jamais faire un pas vers l'autre (d'ailleurs, jamais je n'ai vu le fait d'être nerd autant glorifié...alors même que ce mot veut tout et rien dire). Donc oui. J'ai été déçue. Fangirl n'est pas un mauvais roman. Un mauvais roman n'aurait pas une moyenne de 4.11 au jour où je vous écrit sur Goodreads après plus de 415000 lectures. Mais la morale explicite qui se dégage de ces pages m'a profondément mise mal à l'aise. Ce n'est pas la lecture doudou à laquelle je m'attendais, celle qui te donne le sourire ainsi que l'énergie d'aller conquérir ton propre monde. C'est une lecture qui vous dit surtout de bien rester où vous êtes, et de ne pas trop en bouger. A lire si : - vous chercher du New Adult sans sexe - vous voulez une histoire mignonne et sans trop de conflit
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