Prélude, en VO The Man I Love, par Suanne Laqueur. Avec une auteure au nom si sirupeux, je ne devrais pas être étonnée d'avoir ouvert un livre aussi sucré et lourd. Pourtant, j'y croyais. Je me sens finalement presque trahie, rarement un livre m'a autant énervée (le dernier devait être Quand la nuit devient jour de Sophie Jomain). Parce qu'il y a de très bonnes choses à sauver, et je ne dis même pas ça pour être sympa et trouver des points forts (parfois, je fais ça, j'avoue, parce que je n'aime pas complètement défoncer un bouquin). Il y a une ambiance dans ce livre. Le lecteur entre dès le 2e chapitre dans le monde du spectacle, de la danse, et de la technique. Déjà, j'ai trouvé ça excellent de mettre sous la lumière les gens en coulisses, parce qu'on les oublie souvent, alors que le travail fait est incroyable. Que tous les personnages évoluent sur ou non loin de la scène permet de créer un sentiment de clan entre eux. L'amitié qui les lie est rapidement tangible, comme rarement dans un roman. L'écriture très fluide et factuelle (narrateur à la troisième personne du singulier) va également dans ce sens. Et puis, les personnages secondaires qui entourent le couple principal sont tellement bons que chaque passage où ils sont présents me met forcément jouasse. On voit trop peu Lucky, mais David, et particulièrement Will m'ont fait très forte impression. A un point tel que j'estime que l'histoire aurait déjà été beaucoup plus agréable à suivre si c'était la leur qui était racontée. Car arrivons maintenant à la source de tout mes problèmes concernant Prélude (et j'ai beaucoup de problèmes) : Erik et Daisy. J'aime bien que le point de vue choisie par l'auteur soit masculin. Mais c'est bien la seule chose que je peux défendre. Ils ont tous les deux autant de charisme qu'un bulot mort, et on n'a beau dire que Daisy est adulée car elle est posée, et que tout le monde veut coucher avec Erik, que c'est un mâle alpha (quelle blague), jamais je ne peux y croire devant ce qu'ils nous proposent (tout est dit, rien n'est montré). D'autant qu'on se retrouve face à un insta-love de compétition. A ce niveau (10% du roman), et alors que j'avais déjà tiqué sur l'obsession de l'auteure pour la virginité de son héroïne, je voulais encore y croire, d'autant que si je n'ai jamais eu de coup de foudre, je veux bien comprendre, je sais que ça arrive. Puis, cruelle erreur, Suanne Laqueur opère un fast-forward de 2 ans. J'ai re-tiqué sur les sentiments ambigus d'Erik sur l'homosexualité, mais cela restait secondaire, alors j'ai pu passer (Erik est parfait mais con, je rage, je passe). Mais ce qui m'a vraiment gêné dans cette ellipse temporelle, c'est que l'auteure veut nous faire croire qu'il n'y a rien eu d'intéressant à raconter sur Erik et Daisy pendant deux ans. Ils ont vécu un conte de fées pendant cette période, littéralement aucun conflit. C'est ce qui est rapporté. Enfin, le coup de grâce. Un "événement" arrive au petit groupe d'amis (déjà, pourquoi est-ce qu'il faut toujours qu'il y ait un épisode traumatisant dans chaque romance ?). Et là, le narrateur a quand même le culot de dire que c'est à ce moment que l'histoire d'Erik et Daisy commence. Qu'avant ce n'était que conte de fées, que maintenant, l'histoire humaine débute. Et je vous assure que ne pas m'arrêter de suite après cette phrase a été extrêmement compliqué. Déjà que les deux sont aussi intéressants que des poulpes (désolée pour les poulpes) (mais ils sont trop bôw, c'est le principal), nous les présenter comme des âmes sœurs maudites est insultant. C'est insultant parce qu'aucune histoire d'amour, jamais, ne peux durer des années sans aucun conflits internes (mon couple va très bien, je vous remercie). Parce que les gens changent, parce qu'ils sont des individus à part entière, qu'ils ont des envies et souvent des valeurs rien qu'un peu différentes. Faire croire que seuls des événements extérieurs peuvent détruire un couple aussi "parfait", c'est de la connerie, c'est enrageant, et ce n'est pas mignon. S'en suivront donc des années d'errance pour se remettre de cet événement traumatique, jusqu'à ce qu'enfin, les amants soient réunis, malgré leurs erreurs, ensemble, parce que c'était leur destinée. J'avais confiance dans cette romance, parce que ça devait être surtout un roman tranche de vie, pas juste de la mièvrerie. Oui, il y a du drame. Du drame pour que l'auteure puisse faire durer son histoire, en traitant sérieusement de graves événements avec des personnages centraux inexistants. Et ça, c'est censé être émouvant ? Laissez-moi allez vomir. Voilà. J'ai donc écrit une chronique basée uniquement sur le premier tiers du roman. Aucun problème. Et même si je n'ai pas encore fini Prélude (je pense bien le faire, parce que j'aime me faire du mal, et parce que c'est tout ce qu'il y a sur mon portable pour le moment, surtout), ce que je lirai ne changera rien à mon avis. Il fallait juste que j'écrive, là, maintenant, parce que l'auteure est allée trop loin, dans la mièvrerie comme dans le malheur. Trop trop trop. A lire si : - vous aimez les histoires longues à se mettre en place - vous n'avez pas de problèmes avec des événements et des sentiments invraisemblables traités sérieusement
0 Commentaires
Laisser une réponse. |