Vaste question à laquelle je ne suis pas sûre d'avoir la réponse. En l'espace de deux semaines, j'ai lu deux livres, très différent (l'un est une fiction historique, l'autre un contemporain de littérature blanche (littérature blanche, quel concept snob)). Le premier est un petit coup de cœur, le deuxième m'est inclassable, tellement beau et vrai et déconcertant et parfois un peu opaque. Parlons donc de Du Bout des Doigts, de Sarah Waters. Dans l'Angleterre du XIXe siècle, le lecteur fait la rencontre de Susan, une voleuse des bas-quartiers qui se voit proposer un coup en or par un louche individu appelé le Gentleman. Celui-ci la fait embaucher par une riche héritière en tant que femme de chambre, pour qu'elle aide l'escroc à épouser la jeune fille et récupérer sa fortune (en version plus poussée et mieux expliquée dans le roman). Cette ouvrage est porté uniquement sur le scénario. Les personnages sont pour la plupart antipathiques, même les narrateurs reste assez peu agréables, alors que le texte est écrit à la première personne du singulier. L'écriture est extrêmement factuelle. Elle me fait un peu penser à celle de J.K. Rowling, mais la créatrice de Harry Potter a eu 7 livres pour créer une ambiance et de l'émotion ; Sarah Waters n'a que 500 pages, c'est trop peu pour impliquer réellement le lecteur. Non. Du Bout des Doigts, c'est un scénario. Mais un scénario sacrément bon. J'ai rarement autant buggé devant un livre, estomaquée devant les retournements de situation impossibles à deviner (soit dit en passant, l'adaptation Mademoiselle ne suit pas du tout le récit passé les 50%, je ne suis pas sûre de conseiller le visionnage). Cet ouvrage est un condensé de surprises, que je suis ravie d'avoir lues, que je conseille au plus grand nombre...mais qui ne restera pas dans ma bibliothèque. Car deux semaines après avoir tourné la dernière page, je ne sais déjà plus ce qu'il en reste sinon un bon souvenir (ce qui est déjà pas mal, il faut le reconnaître). Je ne feuilletterai pas ses pages à la recherche d'une bonne phrase, d'un bon mot, portée par l'écriture. Je ne relirai pas des passages absolument jouissifs, je connais les retournements de situation, ils sont forts mais ne créent aucune émotion. On pourrait croire que je n'ai pas aimé Du Bout des Doigts, alors que rien n'est moins faux. Je recommande sa lecture à tout le monde, il sort des sentiers battus, son scénario laisse des étoiles dans les yeux. Mais il ne me marquera pas. Contrairement au Cœur Content, de Nanoucha Van Moerkerkenland. Que je suis incapable de dire si j'ai aimé ou non, mais qui a d'ores et déjà laissé une petite marque dans mon parcours de lectrice. Parce que son écriture était magique, et que ce qu'elle narrait m'a touché. Je ne suis pas sûre qu'on puisse dire qu'il y a une histoire, on suit le parcours de cinq individus de 25 ans, au printemps de leur vie, et on se concentre particulièrement sur trois d'entre eux, qui sont dans une relation amoureuse à trois (plus ou moins). Rien de palpitant, et surtout, les personnages sont des têtes à claques, des êtres exceptionnellement en décalage et tristes de banalité. Je les ai détesté, et je les ai compris. Et là où l'autrice fait fort, c'est que je suis persuadée qu'il faut que je garde cet ouvrage dans ma bibliothèque, car il ne fait aucun doute que si je le relis dans cinq ans, je découvrirai une toute autre histoire. La fin m'a fait monter les larmes aux yeux, je m'interroge toujours sur qui étaient ces trois individus avec qui je n'ai partagé que 200 courtes pages. Je n'ai finalement pas grand chose à en dire, c'est compliqué d'analyser et de parler de mes sentiments à la lecture d'un livre de ce type. Clairement, je ne suis pas armée pour. Il me reste de jolies phrases en têtes, un arrière-goût étrange, la sensation d'avoir été touchée. Je suis contente d'avoir lu cette ode à la vie et au corps, à la mort et au néant, mais pas plus avancée pour savoir ce qui m'a plu ou pas. La question demeure. Un livre marquant, coup de poing, un coup de cœur; c'est quoi ?
0 Commentaires
|