Je me sens un peu monstrueuse. C'est à dire qu'une fiction historique, dépeignant un événement étant véritablement survenu, n'a pas "qu'une" fonction divertissante (rappelons qu'un livre divertissant se suffit à lui même, hein). L'utilité didactique n'est pas à montrer. Dans le cas de la seconde guerre mondiale, le devoir de mémoire surplombe tout ça. Abandonner Salt To The Sea, c'était donc quelque chose que je n'imaginais pas faire. Pourtant, j'ai été mal à l'aise jusqu'à ce que j'arrête ma lecture. Pas parce que j'étais témoin de quelque chose d'affreux. Parce que l'auteure montrait quelque chose de terrible, et que je m'en fichais. Je garde un très bon souvenir du premier roman de Ruta Sepetys, Between Shades of Gray, qui se déroulait lui aussi pendant la seconde guerre mondiale. Peut-être est-ce dû au quelques années qui séparent ces deux lectures, mais alors que j'avais aimé suivre le cheminement des personnages dans Between Shades of Gray, je n'ai rien à dire sur Joana, Florian, Emilia et Alfred. Rien. Les chapitres sont sans doute un peu courts, et que l'auteure insiste sur le fait qu'ils aient tous d'IMMENSES SECRETS n'a certainement pas facilité mon empathie. Bref, Salt To The Sea ne m'a clairement pas diverti. Pour éviter d'être frustrée, j'ai décidé de me renseigner par moi-même sur la catastrophe choisie par Ruta Sepetys comme théâtre de son roman. Tout début 1945, de nombreux allemands fuient l'Allemagne de l'Est devant l'avancée irrémédiable des Russes. Ils espèrent atteindre la mer, pour rejoindre par bateau des villes plus à l'Ouest, mieux protégées. Les quatre protagonistes monteront à bord du Wilhelm Gustloff, qui sera torpillé par un sous-marin Russe. En fonction des version, le nombre de morts va de 5000 à 10000, en faisant le naufrage le plus meurtrier de tout les temps. Pourtant, cette tragédie est souvent passée sous silence, éclipsée par les nombreuses autres horreurs de la guerre. Le paquebot a coulé le 30 janvier 1945, a peu prêt à la période où le monde a découvert l'horreur de la solution finale. Le fond de l'histoire de Salt To The Sea est donc très important, car il mérite de ne pas être oublié. A ce titre, je remercie l'auteure d'avoir pris le temps de faire ses recherches, et d'écrire sur ce sujet. Je regrette de ne pas réussir à apprécier son œuvre, mais je suis heureuse de m'être penchée dessus. Un jour lirai-je peut-être la suite, pour savoir lesquels des personnages survivent ou non (je fais genre, mais en vrai, je me suis spoilé, et je m'en fiche). Mais pour l'instant, j'ai pris ce qui m'intéressait dans le roman, et je passe à la suite. A lire si : - vous aimez les fictions historiques - vous voulez entretenir un devoir de mémoire - vous aimez les histoires dynamiques
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Le but… c’était quoi, au fait ? Que cherchaient-ils donc ? Pour eux, c’était vraiment la vie de château, une vie tout entière consacrée aux plaisirs. Ils avaient à leur disposition une abondante domesticité dont le but était de veiller à ce que chacune de leurs journées soit la perfection même. Comme s’ils étaient les hôtes d’un hôtel vingt étoiles que jamais ils ne quitteraient. Eliot était aux anges. Cela correspondait aux rêves qu’il entretenait à Brakebills : des vins fins, des mets délicats, des cérémonies sophistiquées, le tout sans jamais travailler. Être roi, pour lui, c’était le pied. Ce livre n’ayant pas vraiment de fil conducteur, simplement des personnages réagissant aux différentes péripéties, j’ai doucement pris mon temps pour le lire. Je ne me suis pas pressée, et ça ne m’a pas empêché d’adorer ce nouvel opus des Magiciens (j'avais parlé du premier tome par là). Je ne saurais vraiment expliquer pourquoi ces romans me plaisent autant. Je peux vaguement faire quelques analyses, mais il y a des choses qui se ressentent ; les Magiciens font parties de celles-là. Quelques twists, mais pas de grands drames, de tragédies, ni même de comédies. Le livre se lit de façon fluide. Sans prendre aux tripes, façon papillons ou peur au ventre, mais plutôt le cœur serré et la boule à la gorge. Parce qu’il y a de la vérité et de l’humanité entre ces lignes. Là, n’importe qui faisant preuve du plus petit scepticisme ce dit que bon, elle est bien gentille la nana qui rédige ses chroniques dans son coin, mais elle en rajoute un peu trop. Et a peut-être raison, car bon nombre de lecteurs semblent imperméable au charme de Lev Grossman (il n’y a qu’à voir la moyenne du premier tome de la trilogie sur Goodreads). Il n’empêche que pour moi, ça a opéré, et je souhaite au plus grand monde possible de pouvoir vivre la même lecture que la mienne. Au début du Roi Magicien, on retrouve Quentin sur son trône de Fillory, aux côtés de Julia, Janet et Eliot (Eliot <3). La gloire n’est pourtant pas au rendez-vous, et comme dans le premier opus, Quentin s’ennuie (ce petit ingrat). Et il est désespérément à la recherche de quêtes. Et péniblement, elles vont le trouver, et ce sera à notre héros de se dépatouiller avec ce qui lui tombe dessus.
C’est globalement le maximum de ce qu’on peut dire en ce qui concerne le résumé. Après, ce serait spoiler, et bien que le scénario ne me paraît pas être le point le plus important de cette histoire, on va quand même faire attention. Du coup, je suis un peu embêtée. Je ne vais pas vous parler plus en avant du scénario, qui tient la route sans être la raison de lire. Je pourrais vous parler des personnages, mais pour qui a déjà lu le premier tome, il n’y a pas grand-chose de plus à dire. Et pour le reste, dans la mesure où la totalité des héros sont de bonnes têtes à claques, je ne crois pas réussir à vous convaincre. Le style d’écriture est simple, et surtout, comme dans le premier tome, ne s’attarde pas sur beaucoup de chose. Le lecteur flotte au-dessus des protagonistes dont il suit le récit. Alors si cela vous gène, ça va être problématique. Mais en ce qui me concerne, si j’ai flotté, j’ai aussi immensément profité. Je ne crois malheureusement pas avoir beaucoup à dire ; à chacun de savoir si la série des Magiciens convient ou pas. En ce qui me concerne, ça l’a fait, et j’encourage vivement quiconque à essayer. Si ça ne fonctionne pas (les héros antipathiques et le style plutôt particulier pour de la fantasy gênent assez vite n’importe qui y étant sensible). Si c’est bon, vous avez tout gagné. A lire si : - vous avez déjà aimé le premier tome ; si non, la recette étant la même, passer votre tour (titre à lire sur l'air de Bella de Maitre Gims, pour plus de sérieux) Emma, de Kaoru Mori, ça fait maintenant quelques années que je le vois passer sur la blogosphère, avec à chaque fois des avis enthousiastes. Après une ultime recommandation, d’une personne en qui j’ai entièrement confiance, j’ai décidé de me lancer. Et de me payer le premier tome (nouvelle édition, les deux premiers tomes réunis en un et dans un plus grand format) dans la foulée, histoire de le découvrir dans les meilleures conditions possibles. Emma relate les aventures d’Emma (no shit), une femme de chambre dans le Londres du début du XXe siècle qui tombe amoureuse de William Jones, un jeune noble. Leur romance bouscule les conventions de l’époque, et ne va pas sans problèmes, d’autant que la jeune femme a un passé difficile. J’ai ouvert la première page, et là, les choses se sont corsées. Il y a deux choses qui m’ont gênées dans la lecture de ce manga, et la première n’est en aucun cas imputable à l’auteure : l’édition. Latitudes a décidée de rééditer ce manga dans un format plus grand (taille des pages entre x1,5 et x2 par rapport au format manga habituel je dirais). Les traits sont donc plus épais, et me sont apparus plus grossiers. Mais encore plus gênant, les « blancs » d’une page prenaient toujours plus de place, et outre quelques planches particulièrement fournies, le manga m’a paru vide (sentiment renforcé par l’absence de dialogue). Les traits communs entre plusieurs types de personnages (les personnes âgées particulièrement me semble dessinées d’une seule et même manière) apparaissent également de façon particulièrement flagrante. Bref, rentrer dans l’histoire a été plutôt compliqué.
Mais aussi et surtout, Emma est une Mary-Sue de l’extrême. Jamais il n’est expliqué au lecteur pourquoi, dès leur rencontre dans les premières pages, Elle et William se plaisent et sont rapidement prêts à bousculer toutes les conventions pour être ensemble. Pas plus qu’il n’est dit pourquoi TOUS les personnages masculins sont sous le charme d’Emma la femme de chambre (son humilité, sa discrétion et sa beauté seules sont louées, pitié). Le début a donc été extrêmement fastidieux, entre mes soucis au niveau de l’édition, l’histoire qui ne m’a pas passionnée du tout (le manque de dialogue, bien que parfois nécessaire pour les moments d’introspections, était également beaucoup trop pesant), et les dessins qui n’étaient pas à mon goût. A partir du deuxième tome (soit la deuxième partie de mon édition), les choses vont un peu mieux, et une fois l’histoire acceptée (Emma et son prétendant William sont amoureux, ok, pourquoi pas), la lecture se fait plus agréable. J’étais presque rentrée dans le manga que celui-ci se terminait. Je continuerais peut-être ma lecture, mais ce ne sera malheureusement pas ma priorité. A lire si : - vous voulez découvrir l’Angleterre victorienne a travers un autre média - vous être friand de romance compliquée En plein milieu d’un déménagement, trouver le temps pour lire, c’est un peu compliqué. Trouver le bon livre, au moins tout autant. En ce qui me concerne, j’ai voulu me tourner vers une lecture sans prise de tête, et surtout dans laquelle je puisse rentrer rapidement. Le contemporain s’imposait donc, et pour être sûre d’avoir une lecture qui réchaufferaient mes soirées seule dans un appartement vide, je me suis tournée vers de la romance YA. Alex, Approximately, c’est l’histoire de Bailey, qui déménage de Washington DC, où elle vit avec sa mère, vers une petite ville de Californie, pour y retrouver son père. Plutôt classique, mais la jeune fille parle depuis plusieurs mois sur internet avec un adolescent de son âge qui partage son goût des vieux films, Alex. Les deux flirtent en ligne, mais Bailey (Mink, de son pseudo) est plutôt réservée, et craint de le rencontrer IRL, a peur que la magie n’opère pas. Elle décide de mener son enquête et de trouver incognito le garçon qui se cache derrière le pseudo d’Alex. Parallèlement à cette intrigue, elle va faire la connaissance de Porter, son collègue dans son travail saisonnier, dans un musée, qui l’exaspère énormément, mais qui ne la rend finalement pas si indifférente. Coupons court tout de suite au suspens, annonçons ce qui est dit dans le synopsis officiel, Porter et Alex sont la même personne. Le lecteur le sait dès le début, et cela contribue au charme du roman. Parce que concrètement, si ce roman n’a pas changé mon monde (et je ne le lui demandais même pas), il était très satisfaisant et agréable à lire. En un seul mot, c’était mignon. Oui, il y a des défauts, la révélation finale traîne un peu, Porter et Bailey ont des vies un peu trop épique pour leur statut d’adolescents en vacances d’été (tentatives de meurtre, vol, attaques de _requins_₎. Ils sont aussi et surtout beaucoup trop matures pour leur âge (ou alors, je n’ai pas rencontré les bonnes personnes à 17 ans (pas plus que je n’étais une de ces bonnes personnes)). Et ce sont des petits génies équipés de retourneurs de temps, parce que sans déconner, ils ont des emplois du temps de cinglés. Et ce n’est pas grave, parce que cette histoire était cuteusement mignonne. Et intelligente en plus. Certes, je n’en demandais pas des masses à l’auteure, mais son roman en fait plus pour la confiance en soit de ses lecteurs/lectrices que beaucoup d’autres du même genre. Sans en faire trop, Alex, Approximately parle de masturbation féminine, de slut-shaming, d’acceptation de soi et de respect de façon subtile et intelligente. Même l’amitié entre Bailey et Grace est bien gérée : on nous épargne le cliché de la meilleure amie qui sort de nulle part et toujours enjouée, non, Grace a une personnalité normale, et sa propre vie, et c’est suffisamment rare dans le genre pour être noté. Le livre n’a (je suppose) pas l’ambition de révolutionner le genre, ni d’être une lecture particulièrement épique, juste de proposer un bon moment de lecture, tout en militant gentiment pour l’égalité des genre et le respect mutuel entre chacun. Il le fait très bien, c’est exactement ce dont j’avais besoin, et dans la romance YA/NA, c’est clairement en haut du panier (nous ne parlerons pas ici de mes autres essais de lectures légères pendant cette période charnière, parce que ce n’était franchement pas brillant). A lire si : - vous avez envie d’une lecture qui met du baume au cœur Une femme à Berlin raconte la vie d’une anonyme dans la capitale allemande entre le 20 avril et le 22 juin 1945. Ou plutôt la survie. Au début du témoignage, les Russes viennent d’entrer à Berlin, mais n’ont pas encore atteint le quartier où vit l’auteure. L’attente et la peur règnent.
Puis, lorsqu’enfin l’armée arrive aux portes des immeubles dépeints, les carnages de la guerre se déroulent sous nos yeux. L’auteure n’omet rien, décrit tout, d’une froideur extrême. Il y aurait de quoi verser dans le pathos, mais la femme préfère rester factuelle. Et au milieu de la terreur, les Berlinois s’organisent : certains trouve chaque jour un moyen de voir le lendemain, d’autres choisissent de se suicider, d’autres tombent simplement, car c’est encore la guerre. Bon. Autant dire que ce n’est pas hyper joyeux à lire. Pour autant, la lecture de ces pages est vivement recommandée. Parce que l’ouvrage se lit à deux niveaux. Le premier, évident, comme témoignage de ce qui s’est passé pendant cette période. On parle du calvaire des Juifs, des tziganes, des homosexuels, des handicapés (et j’en oublie certainement). De la résistance. Et puis des victoires russes et américaines, principalement. Et quid de la population allemande ? Certes, on ne la voit dans ce récit qu’à la fin de la guerre. Mais cela donne tout de même un point de vue différent. L’auteure subit plus qu’elle ne soutient le IIIe Reich. Et ce qui se passe dans les camps de concentration n’est pour les Berlinois qu’à l’état de rumeur. Et puis on peut le lire comme un essai sur ce qu’est prêt à faire l’humain pour survivre. Comment il réagit face à des sévices extrêmes. Où s’il faut s’allonger pour manger, alors on s’allongera. Où rester en arrière, dans l’attente, l’ignorance, et tout faire pour survivre réclame des ressources immenses. Certains s’adapteront, d’autres abandonneront, ça ne dépend que de chacun. Et d’où nous sommes, nous ne pouvons pas juger ce que ces gens ont fait pour survivre. Seulement en tirer quelques leçons. J’ai au début trouvé la lecture un peu lente et répétitive. Pourtant, même sans parler du respect du témoignage de l’auteure, cela était nécessaire pour comprendre à quel point les habitants de Berlin étaient loin de toutes nouvelles, attendaient de voir ce qui allait se passer pour eux, les perdants. Et quand les Russes déferlent, la froideur de l’anonyme aide à lire les atrocités dont elle est victime et témoin. Bref, je divague, et je pourrais encore parler d’Une femme à Berlin pendant longtemps. Mais au fond, pour comprendre la valeur que ce livre a, il faut le lire. Car pour ma part, un an tout pile après ma lecture, il fait toujours partie des ouvrages que je n’oublie pas, et dont il fallait parler. A lire si : - le sujet vous intéresse un tant soit peu |