Ou, le DNF le plus élogieux de l'histoire des DNFLe 28 Décembre dernier, j’ai ouvert pleine d’espoir The Thousand Names. L’espoir ne s’est pas tari. Parce que ce livre a tous les éléments pour me plaire. C’est de la fantasy. Dans un monde plutôt oriental, et non pas médiéval comme on le voit le plus souvent, ce qui est un gros point positif (j’ai déjà parlé de mon amour de ces fantasy sablonneuses où il fait bien chaud). Encore mieux, c’est de la war fantasy, un genre que je connais peu (ce que j’ai lu de plus militaire, ce sont les Kel, et les Fils des Brumes, dont il faudrait que je parle un jour (en fait, Sanderson mérite un article-monument rien qu’à lui)), mais que j’adopte déjà (je sais pas vous, mais moi, l’armée, je la préfère dans un monde imaginaire plutôt que dans le réel). Et puis, même si je reconnais que certains personnages sont vaguement clichés ou manquent de développement (même si c’est plutôt léger, et que ça ne m’a personnellement pas dérangé du tout), ils sont variés, intéressants ; et il y a des femmes. Des femmes utiles à l’intrigue, qui la font avancer, qui ne la subisse pas, des femmes qui créent le fil conducteur du livre. Et quand je vois à quel point je galère pour trouver d’autres livres de war fantasy où il n’y ne serait-ce qu’une femme citée dans le résumé, c’est encore plus appréciable (oui, les Archives de Roshtar sont dans ma liseuse, prêtes à être lu...mais j’avoue que j’ai peur) (et si quelqu’un passant par là a des romans de ce style en rayon, je suis preneuse). Bref, tout pour plaire. Pourtant.
Pourtant aujourd’hui j’abandonne cette lecture. L’espoir ne m’a pas quitté, je laisse la série des Shadows Campaigns dans ma liseuse, parce que j’y reviendrait forcément un jour. Toujours est-il que malgré les qualités indéniables de l’ouvrage, je dois très officiellement laisser de côté ses 513 pages (j’étais pourtant à 7 pages des 50 %, tristesse). Parce que je ne trouve pas l’ouvrage en français (de toutes façons, je crois que seul le premier tome a été traduit, tristesse-bis), que je me le suis donc procuré en anglais, et que je galère. Mon niveau d’anglais est plutôt correct, je lis les contemporains finger in the nose, pas de soucis particulier pour l’urban fantasy et le fantastique, je n’ai jamais lu de classique mais la fiction historique ne m’a jamais fait peur, et j’ai déjà lu nombreux romans de fantasy dans la langue de Shakespeare, mais là je bloque. Parce que c’est une fantasy avec un thème bien précis (la guerre), et donc avec un vocabulaire adapté, que je ne maîtrise pas. Que ça devient trop laborieux, que le plaisir n’y est pas. Pour l’instant, je clos donc l’aventure. Un jour peut-être vais-je pouvoir poster sur cette page une chronique complète de ce livre, mais en attendant, voici ce que je peux dire de l’ouvrage de Django Wexler : si vous avez les compétences linguistiques ou l’opportunité de le lire en français (aucune idée de la qualité de la traduction), essayez-le. Je voudrais tellement être à votre place. A lire si : - vous aimez la fantasy orientale - la stratégie militaire romancée vous plaît - vous voulez suivre le destin de personnage autant clichés qu’uniques (soldat travestie inside)
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Je n’aime pas le thriller. Dans le vaste champ de la SFFF, c’est vers la science-fiction que je me tourne le moins. Je préfère mes romans longs, en saga si possible, et qui font la part belle aux personnages bien développés. A priori, entre Le Regard et moi, ça ne devait donc pas trop coller, surtout que je sors de ma lecture d’Ikebana (oui, ça fait 10 jours, laissez-moi me remettre à mon rythme), et que bon nombre de fictions me paraissent fades en comparaison.
Pourtant, je me suis plongé dans le livre sans savoir de quoi cela allait parler, sans même me dire que ce serait délicat, en raison d’une indication sur la couverture : l’auteur est Ken Liu. Et vu comme j’étais en pâmoison le mois dernier devant L’Homme qui mit fin à l’histoire, je ne me suis pas posée de questions. Finalement, même si Le Regard m’a moins plu que le livre précédemment cité, cette lecture reste très bonne (Ken Liu réussit donc à me faire aimer un thriller science-fiction, il y a de l’espoir pour moi). En 92 pages, pas question de s’attarder sur des détails. Le lecteur découvre par petites touches un univers futuriste, où les humains s’augmentent en fonction de leurs envies : mollets montés sur piston, œil enregistreur, ou encore machine greffée qui régule les émotions (bonnes comme nocives). Dans la foulée, pour ne pas perdre de temps, le lecteur découvre également dans le premier chapitre un tueur de prostitués, et dans le deuxième une femme d’une cinquantaine d’années détective privé. L’enquête débute, et au fil des pages, au gré de ces deux points de vue, on découvre les motivations et l’histoire de chacun. Cela reste simplement brossé, Ken Liu ne se permettant pas trop d’introspection, mais fonctionne excellemment bien. En ce qui me concerne, je ne me suis pas sentie frustrée, trop loin des personnages. Le roman est court, va à l’essentiel, se lit en moins d’une heure : l’auteur maîtrise cette forme (il l’avait déjà prouvé avec L’Homme qui mit fin à l’histoire), et je n’imagine pas cette histoire raconté plus longuement (ma chronique non plus, du coup (ou, l’excuse parfaite)). La rapidité de la lecture ne signifie pas l’appauvrissement du récit. L’ouvrage est intelligent, pose des questions tout en divertissant. Pari rempli. (ouais bon d'accord, j'ai déjà fait mieux comme titre...) Quelque part au milieu de ce documentaire (très chouette, je recommande) sur le Seigneur des Anneaux, G.R.R. Martin est interviewé et raconte son expérience de lecture de la trilogie. Que de l’année où les aventures de Frodon et ses compagnons de voyages sont sorties, il garde très peu de souvenirs du « monde physique », ou du moins, rien de vraiment concret ; peut-être un devoir, ou un anniversaire, mais pas grand-chose de plus. Cependant, il se souvient parfaitement du périple jusqu’au Mordor. Qu’a-t-il donc vécu le plus intensément, la vie réelle, ou celle de fiction ? La série Rose Morte s’inscrit dans cette lignée de récits qui nous imprègnent, qui procurent des émotions réelles, qui prennent à la gorge. De tome en tome, le romantisme (au sens littéraire) prend de plus en plus de place, alors même que ce que ressent le personnage principal s’éloigne de plus en plus du monde humain, pour s’enfoncer loin dans le monde infernal et fantastique qui est le sien. Dans ce quatrième livre, intitulé Ikebana, le lecteur constate (sans surprise) une nouvelle ellipse. Nous sommes à présent en 1986, à New-York ; Rose a pris la fuite, Vassili avec elle. Cela fait 43 ans qu’elle n’a pas revu son mentor ou son frère, et qu’elle s’interdit toute correspondance avec eux. Et la distance ne lui réussit pas, l’auteure Céline Landressie ayant réussit à faire d’Ikebana un roman encore plus sombre et que le précédent, qui n’était pourtant pas aidé par le contexte historique et les événements dépeints. Ici, Rose est triste, aigre, et flirte parfois avec la folie. Son servant fait ce qu’il peut, mais seule une personne peut vraiment l’aider. Si de nouveaux éléments viennent éclairer les rapports entre Artus et Rose, les deux n’ont pas finis de se blesser l’un l’autre. En parallèle, d’autres relations au sein du quatuor évoluent (effectivement, ce chapitre 8, et le pacte, bien sûr), mais rien ne se fait sans heurt. On croise très peu de protagonistes autres que Rose, Vassili, Adelphe et Artus (même Gabriel, pourtant cité dans le résumé, n’est que peu présent), ce qui laisse le lecteur libre d’analyser chaque geste des héros. Et également des les admirer dans leur quotidien. Céline Landressie agrémente son récit de nombreuses descriptions, sur les décors mais également sur les geste réalisés par ses personnages. Cela rend le livre extrêmement visuel, et pourrait parfois verser dans l’excès, d’autant qu’un opus après l’autre, cela me semble toujours plus marqué : ses personnages sont tous des gravures de mode, avec une gestuelle très étudiée. En un mot, je dirais glamour. Pourtant, cela ne choque pas. Les Arimath et leurs comparses des autres maisons appartiennent à un autre monde, avec ses propres codes. Il n’a pas vocation a être réaliste, et l’esthète fait partie intégrante de celui-ci. Ce parti pris, qui peut gêner certains lecteurs, je l’ai pleinement accepté, et il renforce encore plus l’immersion dans ce monde hors-norme. L’histoire, la mythologie dépeinte, l’écriture très riche de Céline Landressie, Ikebana s’inscrit dans la même lignée que les trois tomes précédents : romantique, complexe, noir, et en ce qui me concerne, j’aime toujours autant. Les personnages y sont pour beaucoup. Les découvrir dans une nouvelle époque m’a évidemment donné un grand sourire. Rares sont les moments de détente ou de repos pour eux, mon cœur s’est maintes fois serré devant l’amertume de leur histoire. Devant les choix qu’ils doivent faire. Devant ce qu’ils doivent subir, et les extrémités auxquelles ils sont réduits. Même entre eux (surtout entre eux), alors qu’on pourrait espérer que leur quatuor soit pour eux une bulle dans laquelle ils peuvent respirer, les non-dits et les secrets sont rois. Impossible de ne pas s’attacher à eux, de ne pas souffrir avec eux. Et il est heureux d’avoir des protagonistes attachants. Car face à l’intrigue tentaculaire qui s’impose à eux, même le lecteur a besoin d’alliés. Ikebana est l’opus qui fait le plus avancer l’histoire en terme de révélations, qui permet vraiment de lier les différentes intrigues entre elles. Mais rien n’est facile. Et c’en est presque frustrant, parce que je ne sais pas si c’est moi qui suit débile, mais soyons honnêtes, je suis sûre que j’ai loupé la moitié des indices disséminés dans les 570 pages. J’avais le flair pour reconnaître (un peu) à l’avance les développements entre les personnages (évidemment qu’on allait revoir Josué), mais pour l’intrigue politico-policière, c’est sûr, je suis à la masse. Céline Landressie avait prévenu sur facebook, ce quatrième livre est le plus riche en terme d’indices, et elle n’a pas menti. Le lecteur peut avoir une nouvelle théorie par chapitre (et d'ailleurs, les spéculations que j'avais faites avant la lecture se sont avérées tellement fausses). Maintenant soyons claires, je râle un peu, mais je préfère ça à une intrigue cousue de fil blanc. Et puis, en plus d’une future (énième) relecture de la saga, peut-être irais-je faire un tour sur le forum de la Ronceraie, histoire de voir à quel point je suis à côté de la plaque. Donc voilà, Ikebana, c’est encore un bon livre. Une excellente œuvre. Un récit intelligent et qui prend à la gorge. Avec ces quelques lignes, j’ai maladroitement essayé de vous donner envie de vous lancer dans cette aventure démarrée il y a quatre siècles, mais bien sûr, il est toujours plus facile de bâcher un livre que d’en louer un, même quand on argumente dans les deux cas. Je conclurai donc en vous disant que si voulez vivre une aventure inhumaine mais avec des sensations bien réelles, vous pouvez ouvrir un livre de Rose Morte. Sinon, pour finir sur mes capacités d’enquêtrice, j’ai essayé de traduire la phrase en japonais sur gtrad, ça m’a donné « Eagle est au sommet de ma tête ». Je vais aller loin. Sinon-bis, je n’ai pas vraiment envie de ternir un tant soit peu cette chronique, mais il fallait quand même le dire : Milady n’a pas fait un travail fantastique en terme d’édition. Il manque un ou deux mots, et surtout, à de nombreuses reprises, les tirets de dialogues sont manquants, ainsi que les retours à la ligne (toujours dans les dialogues), ou à l’inverse en trop grand nombre, coupant une phrase sans raison. Déjà que mon cerveau est mis à rude épreuve avec le récit, j’aurais bien aimé ne pas bugger un chapitre sur deux pour ces raisons. (Seule condition de pardon de ma part, que Milady publie les récits spin-offs de Rose Morte.) Pour ceux qui ne suivraient pas mes chroniques au jour le jour (vraiment, honte à vous !), je chronique régulièrement des romances, et généralement, je les chroniques négativement. Parce que si en théorie j’aime ça, la réalisation laisse souvent à désirer (un jour, j’écrirai des romances pour moi, tout seule dans mon coin (non)). Je suis tombée sur le livre présenté ce jour en tapant des mots clés types « romances intelligentes » « livre amour féministe » ou encore « héroïne contemporaine romance pas débile ». J’ai trouvé la Lettre à celle qui lit mes romances érotiques, et qui devrait arrêter tout de suite, de Camille Emmanuelle. J’ai su, à l’instant, que ce livre était pour moi. Pour mon amour de la romance, et ma répulsion de celles qui nous sont proposés dans la culture populaire. J’ai du attendre quelque peu pour me le procurer (hors de question que je l’achète en numérique, DRM merci mais non merci), mais une fois entre mes mains, il fut terminé en une soirée (en même temps, 133 pages écrit GROS, ça passe crème). Et j’ai aimé autant que je m’y attendais. L’auteure, journaliste, pigiste, spécialisée entre autres sur la question de la sexualité, s’est retrouvé nègre pendant un an : elle a dû fournir, sous pseudonyme, une douzaine de fictions estampillées New Romance pour une maison d’édition dont le nom est tu. En douze mois, elle a fourni douze romans. Et elle le reconnaît, dans ce cas, la productivité est bien inversement proportionnelle à la qualité.
Camille Emmanuelle reprend, chapitre après chapitre, la construction d’un livre de New Romance, la pauvreté de ce qu’il a à offrir, et les dégâts qu’il peut causer aux femmes comme aux hommes. Voir ces histoires clichées, toutes semblables et sans aucune originalité, déconstruites par quelqu’un de « l’intérieur », m’a fait beaucoup de bien. Je ne suis pas juste une râleuse. Je suis capable d’analyser correctement une œuvre populaire, sur ce qu’elle nous dit de notre société actuelle. Camille Emmanuelle a conforté certaines des choses que j’avais remarquées, mais a également pointé du doigt d’autres faiblesses (pourquoi l’écriture est aussi insipide, comment la lectrice lambda est perçue par les maisons d’édition, etc). Cette lettre (la flemme de réécrire le titre, je plaide coupable) commence gentiment par nous décrire les clichés des héros (les blessures internes, le physique d’Apollon et Aphrodite, la femme qui ne prend aucune décision, l’homme jamais vraiment salaud, les deux amoureusement vierges), de la vie contemporaine décrite, bien sûr de leur vie sexuelle, et la pauvreté de l’écriture qui va de paire avec le reste, qui prend les lecteurs (plutôt lectrices, of course), pour des débiles. Elle s’attarde ensuite sur ce que cela nous inculque, inconsciemment. Que si on n’a pas quatre orgasmes par rapport, nous ou la personne qui partage notre lit (plutôt un homme quand même, soyons sérieux) sommes de sérieux losers. Que si on ne nous offre pas de Louboutin ou de Jimmy Choo, on a raté notre vie (#rolex). Que la fidélité est le seule modèle qui vaille, tout comme la monogamie. Et bien sûr, bien sûr, que l’Homme est viril, fort, dominateur, pénétrant ; que la Femme est magnifique sans le savoir, qu’elle est gentille, ne prend pas d’initiative, toujours excitée, et pénétrée. Vraiment, amateurs de romance ou non, cet essai est à découvrir, ne serait-ce que pour remettre quelques idées en place, mais aussi pour mieux voir les extrémités auxquelles sont réduites les maisons d’éditions pour nous vendre de la culture. A lire si : - vous lisez de la romance érotique - vous voulez lire un essai féministe |