J’enchaîne les coups de cœur depuis le milieu de février (c'est tellement difficile à gérer). Une petite déception s'est glissée au milieu, mais également des lectures qui m'ont laissé complètement froide. Les Els, de H. Roy, du fantastique YA ultra classique. Une lycéenne se découvre une nature paranormale, elle a une destinée, elle doit être protégée (par un jeune homme muy caliente bien sûr). La mythologie développée est intéressante, sans être particulièrement exceptionnelle non plus. L'écriture était plaisante, c'était fluide, sans être magnifique (en même temps, c'est un premier roman, il faut trouver ses marques). Bref, c'est du divertissement pas trop mal fait, le genre de bouquin à lire quand on n'est pas inspiré, agréable sans scotcher à la liseuse. F*ck Love de Tarryn Fisher est une romance contemporaine, qui raconte l'histoire d'Helena, qui tombe amoureuse du petit ami de sa meilleur amie à la suite d'un rêve (très explicite). Bon, je triche un peu, j'ai lu jusqu'à 65-70% du roman, ensuite, je me suis spoilée, j'ai lu le dernier chapitre, et hop, vite oublié. Les personnages étaient incroyablement pénibles, aucun ne parait un minimum sympathique, le héros masculin est insipide (et lâche, en plus). Les rares moments de comédie (pas trop de blagues, on est dans une romance tellement intense, m'voyez) tombent à plat. Je ne le recommande même pas en lecture détente.
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Bon, rien ne va plus. J'avais commencé mon année avec des lectures qui étaient pour la plupart décevantes. Lassée, j'ai rédigé des chroniques avec un ton blasé et snob, et comme c'est toujours plus facile de démonter une œuvre que de la louer (ne parlons même pas de la créer), la frustration de ne pas avoir de bonnes lectures passait presque inaperçue (non). Mais alors là, avec deux coups deux cœurs à la suite, je ne réponds plus de rien. Adieu la moi désabusée, j'ai une nouvelle petite pépite à présenter.
142 pages pour une réécriture/suite de Peter Pan, ça parait peu. Pourtant, Austin Chant a réussi l'exploit de le faire dans Peter Darling. Son récit est complexe et divertissant (ouais, je n'ai pas peur des mots qui en jettent).
Dans ce roman, Peter retourne au Pays Imaginaire alors qu'il a 20 ans. Et bien qu'il ait choisi de le quitter quelques 10 ans plus tôt, il a de bonnes raisons d'y retourner. En effet, dans l'Angleterre du début XXe, les parents Darling ne voit pas du tout d'un bon œil leur enfant Wendy s'habiller en garçon et se nommer Peter. La fée clochette revient lui rendre une visite, et pour éviter l'asile promit par la bonne société, il choisit de la suivre au Pays Imaginaire. Si les garçons perdus qui ont grandi lui paraissent un peu fades, il retrouve avec grand bonheur son antagoniste de toujours, le capitaine Crochet (qui est sans doute le personnage le plus censé (et le plus cool) de l’histoire).
Donc, le héros de Peter Darling est transgenre (et je découvre au passage avec Austin Chant le mouvement #ownvoice), mais c'est ici un simple fait, l'auteur n'en fait pas trop sur ce sujet. Les difficultés de Peter sont évoquées dans quelques flash-backs très justes, et c'est tout (celui où Peter se blesse en tombant d'un arbre devant son père et son associé reste gravé dans mon esprit, on sent tout le malaise de Peter qui doit s'habiller en fille, ce qui ravi ses parents, mais qui est en opposition complète avec ce qu'il est). Dans le Pays Imaginaire, c'est Peter, pas d’ambiguïté (et oui, là, j'en parle un peu trop, mais comme on ne croise pas ce genre de héros tout le jours, je trouve que c'était important de le souligner). Le roman se concentre plutôt sur divers sujets ayant trait au passage à l'âge adulte, la fuite de la réalité, le monde qui n'est plus manichéen, les illusions qui s'envolent, les attaques personnelles qui s’accumulent. Le changement de point de vue sur les gens, à l'image de la relation entre le capitaine Crochet et Peter Pan, qui commence de manière empoisonnée, pour finir d'une façon très satisfaisante (et aux antipodes du début (et oui, il y a romance (et oui, c'était cool))). Ces différentes perspectives et lectures de Peter Darling rendent le roman très riche et très adulte (le côté un peu gore aide sur ce dernier point), et en ce qui me concerne, ces aspects m'ont vraiment convaincue. De plus, l'auteur distille certaines informations au compte-goutte (la situation de Peter à Londres, ou les "pouvoirs" du Pays Imaginaires), ce qui amène à chaque fois de nouvelles interprétations de l'histoire. En ce qui me concerne, je pense que relecture il y aura pour remettre en relief tout les éléments du récit. En clair, Peter Darling, c'est un gros coup de cœur pour moi, le roman est original, inspirant, créé la discussion tout en étant divertissant, et réussi à ne (presque) pas être frustrant malgré son petit nombre de pages. Je n'ai jamais lu la pièce originale de Peter Pan, je ne connais que le Disney, je ne sais donc pas si ce qu'Austin Chant a fait avec le Pays Imaginaire est une hérésie, mais en ce qui me concerne, j’adhère complètement. Parler de ses coups de cœur n'est pas facile. J'essaye de rester factuelle pour que chacun se lance dans le roman sans s'attendre à quelque chose qu'il n'est pas, mais j'aimerai aussi m'étaler plusieurs pages pour dire à quel point l'ouvrage est exceptionnel. Je me contenterai donc d'une dernière invective : lisez-le. C'était une lecture enchanteresse. A lire si : - franchement, tout le monde devrait essayer ; qu'on aime le contemporain ou le fantastique, se prendre la tête sur des métaphores ou simplement se divertir, tout le monde peut y trouver son compte, et 142 pages, ce n'est pas un engagement trop important <3 - bon par contre, il faut savoir lire en anglais pour l'instant ; en espérant qu'il soit un jour traduit Une pensée émue pour le livre que je vais lire après Feversong. Je vais faire de mon mieux, mais il y a des chances que je ne le juge pas à sa juste valeur. Tant pis. Worrying doesn't make tomorrow better; it only makes today worse. Parce que j'ai fini le 9e livre des Fièvre de Karen Marie Moning tard dans ma soirée, et que j'ai eu du mal à m'en remettre. Que j'ai encore du mal à m'en remettre. Il m'aura laissé à fleur de peau, ça faisait longtemps, et ça faisait du bien (sauf quand je pleurais comme une madeleine et que l'homme qui partage mon lit me regarde avec un air vaguement dépité). Il y a des points noirs dans Feversong, comme dans n'importe quel coup de cœur. Des twists un peu forcés pour provoquer un surplus d'émotion. Le fait qu'il ait fallu passer par Burned et Feverborn pour en arriver là. Les chapitres alternés et le système narratif parfois confus. Le bazar perpétuel dans l'histoire du Roi Unseelie, de sa concubine et de la Reine Seelie. (Et d'autres.) Et je m'en fiche. L'action est addictive, l'ambiance noire et pleine de fatalité comme j'aime, les différentes thématiques parfaitement balancées, entre introspections, batailles et réunions entre personnages. L’auteure m’a baladée où elle voulait. Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi proche des protagonistes que je suivais, qu'un livre ne m'avait pas mis dans cet état, et c'était incroyable. Surtout quand on suit cette histoire depuis le premier tome. Jamais je n'ai vu de personnages autant évoluer que Mac, Dani, Christian, Kat, même Barrons et Ryodan. C'était la fin qu'il fallait, à l'image des premiers tomes (on va oublier les erreurs de parcours). Heureusement que de futurs spin-off sont annoncés, parce que j'ai encore des questions. (Ces trois derniers chapitres bon sang !) Pour éviter de tout spoiler, je ne vais pas m'éterniser plus longtemps. C'est un neuvième tome ; ceux qui ont déjà lu les 8 premiers, plongez dans Feversong sans peur. En ce qui me concerne, la magie de Karen Marie Moning m'a à nouveau enchantée, au-delà de mes espérances. A lire si : - vous avez lu les 8 premiers tomes J'étais censée rire. Comme les milliers de gens qui ont eu un coup de cœur pour cette petite romance. A la place du sourire, j'ai eu la révélation (non, je n'exagère pas du tout). Je sais maintenant pourquoi je n'aime pas les romances, les histoires d'amour pures et dures, les romans qui suivent uniquement le fil d'une relation entre un homme et une femme (il y a assez peu de romances homosexuelles dans mes lectures passés). Parce qu'apparemment, pour que les jeunes femmes présentées dans ces livres (puisqu'on suit plus régulièrement un point de vue féminin) trouvent le bonheur amoureux à la dernière page, il faudrait qu'elles soient misérables au début du roman. C'est le cas pour The Hating Game, écrit par Sally Thorne, où je me suis retrouvée incroyablement mal à l'aise dès les premiers chapitres dépassés, alors que je pensais trouver une lecture légère. J'ai fait la connaissance de Lucy, jeune active qui vit dans un appartement miteux, travaille dans le monde de l'édition, ne trouve pas le temps de rentrer voir ses parents dont elle est très proche, n'a pas d'amis, de passions, de sorties (et donc pas de relation amoureuse), se fait traiter comme un paillasson au travail, et partage son bureau avec un homme qui n'a que mépris à son égard, Josh. Et peu importe qu'elle finisse avec cette homme, que leurs joutes verbales soient rigolotes à lire, qu'en fait, il l'aime depuis le premier jour et ferait tout pour elle (le scénario est tellement cousu de fil blanc). Le fait est qu'il instaure une relation de tension absolument malsaine dans leur espace de travail. Lucy a une vie de merde. Et comme l'histoire est écrite à la première personne, j'étais vraiment triste pour elle. On est censé rire de ses déboires et de ses tentatives de faire de son mieux ; l'écriture est vraiment tournée pour ça, mais je n'ai pas réussi. Le premier baiser est à la limite du glauque, Lucy est franchement longue à la détente, et traite Josh comme un simple objet sexuel, se laisse harceler par lui, répond avec tout autant de haine, tout en ayant besoin de cet homme pour ne plus se faire marcher sur les pieds par les autres. C'était vraiment trop pour moi. La lecture reste agréable, mais j'ai beaucoup trop tiqué pour dire que j'ai aimé (bon, je note quand même que The Hating Game passe le test de Bechdel, et qu'à défaut d'être un mec sympa, Josh n'est au moins pas un gros macho, ça mérite quand même d'être noté). Et donc, avec le recul, ce "syndrome de la fille misérable" (particulièrement exacerbé ici), je le retrouve vraiment dans la plupart des romances : thriller, historique, comédie, contemporaine, tous genres confondus. Comme si l'amour épique ne pouvait arriver qu'aux filles qui sont géniales par nature mais se contentent d'attendre dans leur vie pourrie. Et qu'une fois qu'elle l'ont trouvé, la seule chose importante est l'autre individu, et ils s'en vont vivre heureux dans leur petite bulle et ne doivent côtoyer personne d'autre. Rares sont les romances qui s'éloignent de ce modèle (et en aparté, je trouve ça un peu malsain que ce soit ce modèle de relation qui soit principalement mis en avant, mais chut), mais fort heureusement, elles existent. Bref, j'ai trouvé mon problème. A moi de mieux cibler mes recherches pour combler mes envies de douceur. A lire si : - vous aimez les romances ; je suis clairement dans la minorité, alors, il ne faut pas trop écouter ce que je dis La trilogie des Magiciens de Lev Grossman a nettement moins de succès que la série qui en a découlé. La faute à un récit qui s'étire sur plusieurs années, sans jamais vraiment s'arrêter sur une période précise, et à des protagonistes assez...particuliers. Mais en ce qui me concerne, le charme a fantastiquement opéré. Commençons par ce qui a fâché bon nombre de lecteurs : les héros. Il faut reconnaître que dans la catégorie jeunes cons de 20 ans, ils sont en bonne place. Quentin, le personnage que l'on suit (la narration est à la troisième personne) est égoïste, de mauvaise foi, ne se remet pas en question, à une forte tendance à (mal) juger ses petits camarades, est feignant, blasé. Un vrai bonheur. Aucun des personnages n'est vraiment recommandable. Alice, la petite génie de l'école, a des moments de grande suffisance, Eliot ne sait tellement pas se gérer qu'il se tourne vers l'alcoolisme au fil des pages, Penny est complètement auto-centré, Janet ressemble furieusement à Quentin mais version féminine. Même les figures plus adultes du roman partent en cacahuètes. Mais ce qui m'a permis d'apprécier ces têtes à claques, c'est que le narrateur maintient tout de même une certaine distance avec ses protagonistes : certes, on souffre avec eux, on comprend leur peine, mais le lecteur n'est pas non plus complètement à leurs côtés, et visualise très bien quand Quentin fait une connerie (spoiler alert, ça arrive fréquemment). Cette vision "au-dessus" m'a permit d'être plus dans la bienveillance que dans le jugement vis-à-vis des personnages, et de mieux analyser leurs comportements si humains (et stupides). Tu passes d’un truc à l’autre en croyant que ça va t’apporter le bonheur, et ça rate toujours. Ces personnages, j'ai adoré les suivre. Et s'il est vrai que le rythme du roman prend de court, cela ne m'a pas empêché de savourer ma lecture. Concrètement, l'histoire commence avec Quentin, lycéen en dernière année, surdoué, qui se prépare sans grande conviction à passer ses entretiens pour rentrer dans les meilleures universités du pays. Il s'ennuie, n'aime pas beaucoup sa vie, et préfère se réfugier dans sa série de roman préférée, Les Chroniques de Fillory (un pendant de notre Monde de Narnia). Il va finalement décrocher son ticket d'entrée pour Brakebills, l'école de magie nord-américaine. Mais malgré ses espoirs, cela ne marque pas le début d'une nouvelle vie autrement plus trépidante que l'ancienne. Apprendre la magie, c'est long, compliqué, et très ennuyant. Tellement ennuyant que l'auteur prend à peine le temps de fournir des explications : le cursus de Quentin ne dure que 200-300 pages (pour condenser 4 ans....on est loin des 7 années en 7 tomes de Harry Potter). Une fois leurs études terminées, Quentin et ses amis sont lâchés dans la nature, avec des pouvoirs hors-normes, mais sans but, sans objectif. Et si les aventures viennent miraculeusement à leur rencontre, la noirceur qui flotte au-dessus d'eux n'est pas prête de s'éloigner. Il n’y avait donc pas de charme pour le bonheur ? Quelqu’un en avait forcément inventé un. Alors oui, c'est un rythme particulier, et je mentirais si je ne disais pas qu'il y a quelques longueurs. Mais le texte est aussi peuplé de passages plus introspectifs absolument magiques qui redonnent perpétuellement de l'élan à l'histoire (ça, et les conneries de Quentin, oui). Il faut dire aussi que la découverte de l'univers de Brakebills n'est pas particulièrement original, le roman est globalement très inspiré de Harry Potter et du Monde de Narnia. S'il propose quelques nouvelles idées, la création du monde n'est clairement pas son point fort. Non, le vrai point fort, complètement porté par les personnages, c'est l'atmosphère du roman (j'ai l'impression de toujours dire ça...). L'ambiance est noire, morbide, franchement étrange par moment (la scène avec les oies, mais franchement, d'où est-ce que ça sort ?), emplie de fatalité. Tout l'ennui (et la dépression, n'ayons pas peur des mots) ressenti par les protagonistes suinte à travers les pages. Les rares moments de grande joie ne sont là que pour mieux mettre en valeur la chape d’apathie et de ridicule qui revient s'abattre sur eux. Et personnellement, j'ai trouvé ça très beau (c’est mon côté maso). Les voir se débattre, avoir de l'espoir, essayer de voir le meilleur, pour mieux retomber. Le roman est peuplé de perles sur le sujet, et j'ai hâte de me plonger dans les deux prochaines tomes pour voir comment la suite est gérée. Arrête de chercher la porte secrète qui te conduira à la vraie vie. Arrête d’attendre. La vraie vie, c’est celle-ci : il n’y en a pas d’autre. Elle est ici et maintenant, et tu ferais bien de l’accepter et de l’aimer, car sinon, où que tu ailles, tu seras misérable pendant le restant de tes jours. A lire si : - vous aimez Harry Potter, mais que vous ne le mettez pas non plus sur un piédestal (sinon, vous risquez d'être pris de court par les ressemblances apparentes) - vous avez envie de "plus" qu'une lecture purement détente - vous avez aimé Guerre et Paix (en terme de rythme et de traitement des personnages, j'ai trouvé que c'était la même chose) - vous n'êtes pas effrayé par les personnages imparfaits (pour être polie) |