(OK, c'était nul) J’ai gardé de mes années d’enseignement du français au lycée une certaine méfiance envers les livres de littérature dite classique. Si j’ai conscience que des perles s’y trouvent, mon cerveau à la fâcheuse manie de procéder au raccourci qui voudrait que livre classique équivaudrait à livre du mouvement réaliste. Malheureusement pour moi, Zola et Flaubert se sont bien arrangés pour me dégoûter du genre.
Si je ne connais certainement pas les différents mouvements littéraires qui ont été développés dans notre histoire, il en est un que je sais particulièrement apprécier : le romantisme. Un penchant qu’on retrouve bien dans mes lectures contemporaines. Quand j’ai acquis Jane Eyre de Charlotte Brontë dans une brocante l’année dernière, j’étais motivée par mon avis de découvrir un peu plus les classiques. Finalement, la lecture m’effrayait, et j’ai reporté. Cette semaine, je me suis enfin penché dessus, et j’y ai retrouvé les éléments que j’aime tant dans les lectures romantiques, bien évidemment les sentiments exacerbés, aussi la nature changeante qui tient une place importante dans le récit, quelques éléments mystérieux qu’on y retrouve. Bref, je ne me suis pas ennuyé une seule seconde, et ma lecture me rassure quant au fait que tous les classiques ne sont pas nécessairement d’assommants dictionnaires (oui, Emma Bovary, c’est toi que je regarde). Jane Eyre, c’est l’histoire d’une jeune femme de l’Angleterre de l’ère industrielle qui a le malheur d’être née laide et de vite se retrouver orpheline et placée chez une lointaine parente qui lui fait vivre un enfer. Autant dire que la demoiselle est bien mal partie dans la vie. Elle veut éviter la pauvreté, deux choix s’offrent à elle : s’éduquer, ou faire un bon mariage. Si Jane ne dédaigne pas l’amour, bien au contraire, elle est parfaitement lucide quant à ses chances de le trouver en raison de son physique et de sa pauvreté, mais aussi et surtout, elle veut faire un mariage d'amour et ne pas dépendre d’un homme. Elle a un esprit indépendant, curieux et franc, et cet esprit, elle y tient. Si un homme espère la mettre en cage comme bon nombre de femme de cet époque, Jane n’aura aucun scrupule à s’échapper, et à se débrouiller seule. Nous suivons Jane de l’âge de ses 10 ans jusqu’au début de sa vingtaine, et le moins que l’on puisse dire, c’est que la jeune femme a un sacré tempérament. Derrière sa réserve se cache un esprit inflexible, qui ne lâchera pas ses convictions. Mise à part quelques spécificités propre à l’époque où le livre a été écrit, Jane Eyre est une héroïne résolument moderne, qui aurait à en montrer à bon nombre de nos contemporains. Rien que pour avoir eu le bonheur de la côtoyer, je suis ravie de m’être enfin penchée sur son histoire. Je ne me lancerais pas dans une analyse plus fine de l’ouvrage, d’abord parce que plein d’autres l’auront fait avant moi, mais surtout, avec mon maigre bagage littéraire, j’ai beaucoup trop peur de dire des bêtises plus grosses que moi. Je finirai donc avec mon ressenti une fois le livre terminé. Contrairement à ce que je redoutais, l’écriture n’est jamais lourde, ne s’égare pas. Elle s’attarde sur certains détails, mais toujours pour servir l’histoire ou la poésie de son cadre très anglais. Si les plumes « anciennes » vous font peur, vous pouvez plonger dans Jane Eyre sans crainte. Ma découverte du parcours de cette jeune anglaise m’a personnellement ravie. Quelques éléments m’ont fait tiquer (notamment la notion de sacrifice particulièrement exacerbée (évidemment) que l’on retrouve à la fin), mais ils sont sans doute plus dus à mon mode de pensée de jeune adulte du XXIe siècle qui affronte le style de vie du XIXe siècle. Et cela montre aussi à quel point j’étais investie dans les vies de Jane, Mr Rochester, St John, Diana, Mary et Adèle. Les personnages sont globalement très bien croqué ; quelques protagonistes secondaires ont des traits un peu trop forcés, mais cela reste minime, et n’entrave en rien le plaisir de lecture. Bref, personnages, histoire, écriture, tout y est pour que le charme de Jane Eyre opère. Et si dans mon cas ce n'est pas un coup de cœur, ce n’est pas loin. A lire si : - vous aimez les lectures romantiques - vous voulez en apprendre plus sur l’Angleterre du XIXe
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