L’Homme qui mit fin à l’histoire.
C’est l’histoire du Pr Akani et du Pr Wei, de leur amour, et de l’impact de leur travail sur leur relation. Non, pas vraiment, en tout cas, pas seulement. C’est de la science-fiction, qui traite du voyage dans le passé, et des problèmes éthiques et juridiques que cela engendre. Oui, mais pas que. L’Homme qui mit fin à l’histoire, c’est un documentaire. Avec des interviews, des reportages, des témoignages. C’est l’histoire de la guerre, l’histoire du monde façonné par les gagnants, les perdants et les autres. C’est un livre sur le devoir de mémoire, sur les atrocités commises par les japonais pendant la deuxième guerre sino-japonaise. Je n’avais jamais lu un livre de ce genre. Et je ne pense pas que j’aurai l’occasion d’en relire un de sitôt. D’abord, parce que la forme est très particulière. Les chapitres sont très courts (une demi à cinq pages), et représentent une facette des documentaires télévisuels auxquelles nous sommes habitués : interview de spécialistes, témoignages, micro-trottoir, tout y est. Et si cela prend au départ au dépourvu (je me suis demandé dans quoi j’avais mis les pieds), cela renforce au final l’immersion. J'ai un instant cru le récit réel. Finalement, non, nous sommes bien dans de la science-fiction. Pour autant, les faits historiques dépeins se sont bien déroulés. Nous sommes l’année 20XX, un couple d’intellectuels s’apprête à relever un défi fou. Elle est physicienne, et a inventé un procédé pour remonter dans le temps, avec une condition : on ne peut revenir à un instant précis qu’une seule fois. Lui est historien/docteur en droit (je ne sais plus), et veut obtenir des preuves des atrocités commises par les japonais sur le territoire chinois pendant la deuxième guerre sino-japonaise, particulièrement dans l’unité 731, où les japonais ont mené des expériences sur les chinois, et qui n’ont pas laissé de survivant. L’auteur Ken Liu, avec cette idée de génie, rend hommage aux chinois victimes de cette guerre, sans oublier les japonais endoctrinés (les sources sont citées en fin d’ouvrage). Le livre n’a pas qu’une portée de devoir de mémoire, il parle aussi de droit, d’éthique, de relations internationales. Quelles reconnaissances pour ces crimes ? Quel dédommagement ? Tant de questions sans réponse au terme de L’Homme qui mit fin à l’histoire, mais qui méritent d’être posées. Le récit était humain sans tomber dans le voyeurisme, détaillé sans rentrer dans le sordide, court mais précis. L’auteur a créé une œuvre qui aurait très facilement pu tomber dans l'excès, mais il construit son texte tout en nuance, à mi-chemin entre l’histoire et la mémoire. Alors voilà, c’était court, mais cela valait largement le détour. Ken Liu a écrit un livre qui sort des sentiers battus, qui pousse les limites du genre du roman pour mieux nous questionner, pour mieux nous enseigner, et c’était parfait. Je n’ai rien à redire. A lire.
0 Commentaires
|