J'ai dernièrement fait un voyage en train très long. Plus de 24 heures. Fort heureusement, en plus de ma liseuse, j'avais quelques trois livres papiers avec moi. Deux resteront sans doute non-terminés à jamais (je déconseille Booke of the Hidden et At The Table of Wolves, mais si jamais vous voulez essayer, je vous en prie), mais le troisième a hanté mon périple. Si la couverture fait penser à un roman chick-lit YA, il ne pourrait pas en être plus éloigné. Alors que je voyais défiler sous mes yeux les paysages de la côte ouest américaine, je lisais les aventures de Zarin, une lycéenne indienne vivant en Arabie-Saoudite. Le choc des cultures je vous dis. Dès les premières pages, l'autrice Tanaz Bhathena nous entraîne dans un monde qu'elle a connu, elle même étant née à Mumbai et ayant passé une partie de son enfance à Jeddah, le lieu même où se déroule le récit. J'ignore d'ailleurs à quel point le récit est auto-biographique, mais je fais amplement confiance à l'autrice pour nous retranscrire le plus fidèlement possible le quotidien étouffant et hypocrite vécu par Zarin. Notre héroïne, et on le découvre assez tôt, décède à l'âge de seize ans dans un accident de voiture. Tout l'enjeu du roman sera de découvrir sa vie avant le drame. L'ouvrage est donc conté de différents points de vues, plutôt nombreux, avec une temporalité souvent assez aléatoire. Mais au travers des très nombreux témoignages, l'existence de Zarin et celle de la jeunesse saoudienne se dessine. Ça prenait parfois à la gorge, mais je pense que c'était le but. Mishal, Porus, Farhan, Abdhullah et bien sûr Zarin, aucun d'eux n'est épargné par la vie qu'on les oblige à vivre. Leurs situations familiales sont bien trop souvent bancales, et ce n'est pas à l'école qu'il pourront respirer. Les hommes chargés de faire respecter la loi morale du pays les empêchent également d'être eux-mêmes au-dehors. Leur vie est indéniablement violente, mais Tanaz Bhathena réussit avec brio à ne pas tomber dans le pathos, son récit est poignant mais pudique (je n'ai même pas pleuré, grosse fierté), et plus les pages défilent, plus on réalise que l'accident de Zarin n'est que le point de départ et final du récit, que l'intérêt est ailleurs. A Girl Like That, c'est une fenêtre ouverte sur un monde dont on nous parle parfois dans des reportages, mais tellement loin de notre quotidien qu'il restera sans doute à jamais intangible (en tout cas, pour moi, jeune femme blanche française, c'est le cas). Je ne prétendrais pas connaître la société saoudienne après 360 pages, mais je peux, rien qu'un peu, imaginer. Comme les protagonistes, je me sentait engluée dans leurs problèmes, sans porte de sortie, à peine quelques moment de liberté volés. C'était dur, loin de ma réalité, mais pourtant avec des problématiques parfaitement compréhensibles. Les personnages, Mishal en tête, font souvent de grosses conneries, et pourtant, je les ai compris (sauf Farhan, parce que c'est un enfoiré). J'étais avec eux jusqu'au bout. Et c'est pour ça que je suis ravie d'avoir lu A Girl Like That. Pour cette mini-découverte, mais surtout ces méga-émotions. Si vous lisez en anglais, ne passer pas à côté. A lire si : - vous aimez les drames YA - vous voulez un tout petit aperçu de l'Arabie Saoudite
0 Commentaires
Laisser une réponse. |