Bip. Bip. Bip. Chargement du scénario préfabriqué numéro 42. Individu de sexe féminin, orpheline. Disparition des parents dans des circonstances obscures. Se découvre à l’entrée dans l’âge adulte des capacités hors du commun. Elle rencontre divers individus qui lui expliquent l’origine et l’utilité de ses dons. Paramètre romance activé : un de ces individus sera un homme un peu plus âgé qu’elle, en pleine possession de ses pouvoirs, très charismatique. Il sera son mentor. La personnage principale côtoiera également un individu tout aussi séduisant mais extérieur à la découverte de sa mission. Paramètre destin activé : les pouvoirs de l’héroïne seront encore plus puissants que ceux de ses pairs. Sa naissance a enclenché l’arrivée d’un individu maléfique. Elle seule pourra le détruire. Paramètre variable magie activé : les dons de nature paranormale de la personnage principale permettront à plusieurs reprise de désamorcer des situations bloquées. Aucun personnage ne comprendra comment cette magie fonctionne. Le lecteur ne le verra pas venir. Le lecteur sera content.
Bien bien bien. Au cas où le premier paragraphe n’aurait pas été assez clair, l’histoire de Lady Helen et du club des mauvais jours est un tantinet cliché. J’ai beaucoup aimé.
La faute à cet état de fait est visible sur la couverture : cette série est l’œuvre d’Alison Goodman. Si l’histoire de Lady Helen est nettement moins originale que (et complètement différente de) celle de sa précédente duologie fantasy Eon, on retrouve des caractéristiques communes aux deux écrit qui ont pour ma part fait mon bonheur.
D’abord, et parce que j’y suis tout à fait sensible, la lenteur du récit est je trouve parfaitement maîtrisée. Particulièrement dans le premier tome, où l’auteure a besoin d’introduire les règles de son monde, tout en mettant en parallèle la situation de son héroïne (qui fait son entrée dans l’âge adulte, et doit trouver un homme à marier dans l’Angleterre du début XIXe). Si les premiers indices qui mettent la puce à l’oreille sont présents rapidement, la véritable entrée dans l’univers sombre et paranormal du club des mauvais jours n’a pas lieu avant le tiers du récit. Dans le deuxième tome (The Dark Days Pact en anglais, sortie dans l’année 2017 en français), la lenteur de la première moitié met en place les enjeux, les interdits et les secrets qui permettront à la tension de monter de façon magistrale jusqu’au twist final (je vous le donne dans le mille, avec une magie super-puissante-et-super-inconnue). Oui, le rythme est parfaitement cadré, et si quelques uns ne le trouveront pas assez dynamique, il m’a pour ma part convaincue. La lenteur permet également de mettre en place une atmosphère noire et étouffante très convaincante, et particulièrement agréable à lire, surtout dans le deuxième tome. Lady Helen se retrouve entre deux feux, sa famille qui ne sait rien de ses activités et qui veut la marier, la population mondaine qui cancane à qui mieux-mieux sur toutes les femmes dont les comportements ne sont pas dignes, d’un côté, et de l’autre, le club des mauvais jours, qui a besoin d’elle pour combattre les Abuseurs (des démons), et qui attend de sa part tout les sacrifices, sans la reconnaître du fait de son sexe. Sa condition féminine la rend perdante peu importe le choix qu’elle fait. Alison Goodman gère à ce sujet très bien la dimension féministe de sa trilogie, l’amenant tout doucement. Si au départ Helen se cache d’elle même derrière les « restrictions dues à sa condition », ne pouvant imaginer prendre les armes, et s’imaginant destinée à « juste » faire des enfants, elle prend de plus en plus l’initiative au fil des pages, et défend ses propres décisions (bon, on reconnaît un petit côté Mary Sue qui se sacrifie pour ses amis, mais c’est un détail). De plus, comme dans Eon, l’auteure essaye d’incorporer le plus de figures différentes : si on ne retrouve pas de personnages trans, le groupe qui gravite autour de Helen permet d’aborder rapidement les questions du racisme et de l’homophobie (avec toujours plus de poids du fait de la période historique à laquelle se déroule le récit).
Voilà donc ce à quoi vous pouvez vous attendre si vous vous lancez dans l’histoire de Lady Helen. Le récit en lui-même est très bien rendu, l’écriture permet de retranscrire toute la tension et les émotions attendues. Comme dit en introduction, le scénario est très classique, Lady Helen agréable sans être inoubliable, les deux personnages masculins bien rendus si on n’oublie que ce sont des clichés sur pattes. Les personnages secondaires sont nettement plus intrigants (Quinn, Darby, Mr Hammond et Lady Margaret en tête). Mais malgré ses faiblesses, je ne peux que recommander la lecture de The Dark Days Club et The Dark Days Pact. L’écriture de Mme Goodman m’enchante à chaque pages, l’ambiance du roman est presque palpable, et cela compense largement les faiblesses apparentes. Le troisième et dernier tome sort début 2018 en anglais, et vu la fin du deuxième opus, il s’annonce tout aussi jouissif que ses prédécesseurs.
A lire si : - vous aimez les histoires paranormales - vous n’êtes pas allergiques à certains clichés - vous aimez les histoires au rythme lent
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