Maeve Regan est une héroïne d’urban fantasy francophone parmi les plus célèbres. Il faut dire qu’elle porte haut l’étendard du personnage type de ce genre de lecture. Grande gueule, très grande gueule, vulgaire, têtue, impulsive, violente, elle laisse derrière elle une traînée macabre, forte d’autant de cadavres que d’hommes éconduits. Une vraie partie de plaisir. Le lecteur la rencontre alors qu’elle n’est encore qu’une étudiante qui essaye péniblement de gérer sa colère (sans grand succès). Le premier tome met en place une bonne partie des personnages principaux, son meilleur ami (et leur relation à base de non-dits), son grand-père (et son caractère irascible), son mentor (qui est donc aussi, évidemment, son premier et grand amour). Il s’attache également à présenter la mythologie, et globalement, ce sera vampires et sorciers pendant cinq livres. La première chose à noter sur la série Maeve Regan, c’est qu’il n’y a pas grand-chose à dire. J’aurai voulu faire un article « Histoire de Série », m’étaler sur ces 5 romans, tenter de les décortiquer, sauf que non, il n’y a vraiment pas matière à le faire. Cette série, c’est du fun et du divertissement, rien d’autre. Pas de volonté de dépeindre une réalité historique un peu améliorée, ou de présenter une culture particulière. Franchement pas de grande morale, mise à part celle qui veut qu’être méchant, c’est pas très très gentil. Alors voilà. Mais au moins est-ce du divertissement bien fait. J’ai noté beaucoup de faiblesses, mais ça n’empêche pas la recette de fonctionner. Commençons avec l’élément qui fâche, particulièrement dans les deux premiers tomes. Ou plus précisément, leurs débuts. Car s’ils ne sont pas mauvais, je trouve que la mise en place est vraiment trop longue. On se coltine la Maeve qui a un caractère à chier (mais vraiment) pendant plusieurs chapitres sans que rien de pertinent ne se passe. Et puis enfin, ça décolle, l’intérêt remonte. Pour lire les deux premiers tomes, ça m’a pris deux ans. Et puis j’ai enchaîné les trois derniers tomes. Parce que le troisième tome, à base de mise en place d’une équipe dont un membre est un traître à la solde du grand méchant, est vraiment excellent. J’aime les secrets, les faux semblants et les trahisons dans mes romans, et de ce point de vue, j’ai été servi. Le troisième tome est pour moi le meilleur de la série, la faute à un quatrième un peu lent qui retrouve le problème des deux premiers livres (quoiqu’à un moindre niveau) et un cinquième qui fait un peu trop durer le combat final. Le lecteur sait comment ça va se passer, et le chemin emprunté n’est pas franchement original. Finalement, en ce qui concerne le rythme, le bilan est plutôt mitigé. Du côté des personnages, bon, c’est pas mal, mais je suis un peu déçue qu’on n’ait pratiquement qu’un seul personnage féminin (d’autant plus que c’est le personnage principal, et que c’est une tête à claques). Et que la palette dépeinte est plutôt pleine de clichés. Les tomes passant, les personnages se révèlent, mais j’ai trouvé que les personnalités les plus intéressantes étaient secondaires (Lala !). Dommage. Pour ce qui est de l’écriture, rien a signaler, si ce n’est la grande fluidité de la plume. Si elle ne révolutionne pas la langue française (en même temps, ils sont peu à pouvoir s’en vanter, et même à vouloir le faire), Marika Gallman manie très bien son outil, particulièrement dans les quatrième et cinquième tomes où le lecteur se retrouve simultanément avec plusieurs point de vue extrêmement bien gérer. On n’est pas perdu, et pour ça, je tire mon chapeau à l’auteur. Avec le recul, je suis plutôt sévère avec la série. J’en attendais sans doute plus de cette histoire développée sur cinq tomes, de ses personnages, de son ambiance. C’est pourtant léger à lire, et très prenant, car l’auteure sait créer la surprise, et surtout, sait attendre le bon moment pour la révéler (quitte à faire mariner le lecteur un tome entier, je te regarde tome 4). Le fait que bon nombre de personnages soient des clichés ambulants accentue encore la surprise créée par certaines révélations. On est sur de la bonne urban fantasy, avec une histoire développée sur plusieurs tomes, ce qui permet de créer une toile plus complexe que bon nombre de série du genre (avec une aventure conclue par tome). Le plaisir est là. Mais ayant commencé à apprécier les écrits de Marika Gallman avec ses Chroniques de Hallow (très bon premier tome, toujours sur la lignée du fun et de l’urban fantasy, mais en nettement plus efficace, ce qui m’a d’ailleurs motiver à continuer les Maeve Regan), je ne peux m’empêcher de penser que ses premiers romans sont bien en dessous de ce qu’elle a écrit après. Et c’est encourageant. A lire si :
- vous aimez l’urban fantasy - vous voulez vous aérer l’esprit - les personnages grandes gueules ne vous font pas trop criser
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