Bon, rien ne va plus. J'avais commencé mon année avec des lectures qui étaient pour la plupart décevantes. Lassée, j'ai rédigé des chroniques avec un ton blasé et snob, et comme c'est toujours plus facile de démonter une œuvre que de la louer (ne parlons même pas de la créer), la frustration de ne pas avoir de bonnes lectures passait presque inaperçue (non). Mais alors là, avec deux coups deux cœurs à la suite, je ne réponds plus de rien. Adieu la moi désabusée, j'ai une nouvelle petite pépite à présenter.
142 pages pour une réécriture/suite de Peter Pan, ça parait peu. Pourtant, Austin Chant a réussi l'exploit de le faire dans Peter Darling. Son récit est complexe et divertissant (ouais, je n'ai pas peur des mots qui en jettent).
Dans ce roman, Peter retourne au Pays Imaginaire alors qu'il a 20 ans. Et bien qu'il ait choisi de le quitter quelques 10 ans plus tôt, il a de bonnes raisons d'y retourner. En effet, dans l'Angleterre du début XXe, les parents Darling ne voit pas du tout d'un bon œil leur enfant Wendy s'habiller en garçon et se nommer Peter. La fée clochette revient lui rendre une visite, et pour éviter l'asile promit par la bonne société, il choisit de la suivre au Pays Imaginaire. Si les garçons perdus qui ont grandi lui paraissent un peu fades, il retrouve avec grand bonheur son antagoniste de toujours, le capitaine Crochet (qui est sans doute le personnage le plus censé (et le plus cool) de l’histoire).
Donc, le héros de Peter Darling est transgenre (et je découvre au passage avec Austin Chant le mouvement #ownvoice), mais c'est ici un simple fait, l'auteur n'en fait pas trop sur ce sujet. Les difficultés de Peter sont évoquées dans quelques flash-backs très justes, et c'est tout (celui où Peter se blesse en tombant d'un arbre devant son père et son associé reste gravé dans mon esprit, on sent tout le malaise de Peter qui doit s'habiller en fille, ce qui ravi ses parents, mais qui est en opposition complète avec ce qu'il est). Dans le Pays Imaginaire, c'est Peter, pas d’ambiguïté (et oui, là, j'en parle un peu trop, mais comme on ne croise pas ce genre de héros tout le jours, je trouve que c'était important de le souligner). Le roman se concentre plutôt sur divers sujets ayant trait au passage à l'âge adulte, la fuite de la réalité, le monde qui n'est plus manichéen, les illusions qui s'envolent, les attaques personnelles qui s’accumulent. Le changement de point de vue sur les gens, à l'image de la relation entre le capitaine Crochet et Peter Pan, qui commence de manière empoisonnée, pour finir d'une façon très satisfaisante (et aux antipodes du début (et oui, il y a romance (et oui, c'était cool))). Ces différentes perspectives et lectures de Peter Darling rendent le roman très riche et très adulte (le côté un peu gore aide sur ce dernier point), et en ce qui me concerne, ces aspects m'ont vraiment convaincue. De plus, l'auteur distille certaines informations au compte-goutte (la situation de Peter à Londres, ou les "pouvoirs" du Pays Imaginaires), ce qui amène à chaque fois de nouvelles interprétations de l'histoire. En ce qui me concerne, je pense que relecture il y aura pour remettre en relief tout les éléments du récit. En clair, Peter Darling, c'est un gros coup de cœur pour moi, le roman est original, inspirant, créé la discussion tout en étant divertissant, et réussi à ne (presque) pas être frustrant malgré son petit nombre de pages. Je n'ai jamais lu la pièce originale de Peter Pan, je ne connais que le Disney, je ne sais donc pas si ce qu'Austin Chant a fait avec le Pays Imaginaire est une hérésie, mais en ce qui me concerne, j’adhère complètement. Parler de ses coups de cœur n'est pas facile. J'essaye de rester factuelle pour que chacun se lance dans le roman sans s'attendre à quelque chose qu'il n'est pas, mais j'aimerai aussi m'étaler plusieurs pages pour dire à quel point l'ouvrage est exceptionnel. Je me contenterai donc d'une dernière invective : lisez-le. C'était une lecture enchanteresse. A lire si : - franchement, tout le monde devrait essayer ; qu'on aime le contemporain ou le fantastique, se prendre la tête sur des métaphores ou simplement se divertir, tout le monde peut y trouver son compte, et 142 pages, ce n'est pas un engagement trop important <3 - bon par contre, il faut savoir lire en anglais pour l'instant ; en espérant qu'il soit un jour traduit
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