Pour ce monument, je vais rester sobreSi je devais résumer La Voleuse de Livre de Markus Zusak en deux mots (que voulez-vous, je lis les classiques toujours après tout le monde), ce seraient pudique et poétique, bien qu’ils ne rendent absolument pas hommage au contenu de l’œuvre. Pudique parce que ce roman est narré par la Mort, qui ne porte pas de faux ou de grande robe noire, mais qui est bien là pour transporter les âmes. Et puisque c’est son travail, elle n’appuie pas inutilement dessus, l’écriture reste très sobre, sans pour autant que cela n’altère l’impact des mots.
Poétique parce que le personnage principal de cette histoire est une fillette de 10 ans, et que comme tous les enfants, elle a une façon très personnelle de voir le monde. Le monde est beau, quand il est vu par ses yeux, même le monde des années 1940. La Voleuse de Livre raconte l’histoire de Liesel Meminger, une allemande qui rencontre au début du roman ses parents adoptifs, en janvier 1939. Son petit frère est mort, sa mère l’a laissée chez ce couple d’inconnus, et ne revient pas. Au fur et à mesure du récit, Liesel va apprendre à faire le deuil de son ancienne vie, et surtout à apprécier la nouvelle existence qui lui est offerte ; l’existence, et les gens qui la ponctuent. Personnellement, ce n’est pas le genre de résumé qui me fait de l’œil. Ajoutez à ça que le récit se passant en plein milieu du régime nazi, le roman annonçait donc le tire-larme de très loin. Il ne m’en faut pas plus pour me détourner. Mais il paraît que c’est un classique, et étant largement intéressée par cette période noire de notre histoire, je me le suis procuré. Le début prend le lecteur de court : se faire accueillir par la mort dès les premières lignes a de quoi surprendre. Et puis, j’avouerais ne pas avoir saisit au début ce qu’elle voulait bien nous dire. J’ai persévéré, j’ai découvert Liesel et la vie de son nouveau quartier, et je m’y suis plu. Je trouvais le roman plutôt froid, mais la lecture se passait bien. Et puis, tranquillement, irrémédiablement, la Mort nous prend aux tripes, et nous prend surtout au piège de l’histoire qu’elle file devant nous. Elle se permet de dériver de temps en temps, nous offre des flash-backs et des flash-forwards, et cela fonctionne incroyablement bien. Je ne sais pas à partir de quand j’ai commencé à penser très fort à La Voleuse de Livre en dehors de mes temps de lecture, mais c’est arrivé. Mes sessions de lecture se sont rallongées, cela n’a pas suffit. J’ai terminé ma lecture, cela n’a pas suffit. Suffit à quoi ? Honnêtement, je ne sais pas ; à me satisfaire de l’humanité qui suintait de ces pages ? A rendre Lisel, Hans, Rosa, Max et Rudy encore plus vivants qu’ils ne l’étaient déjà ? Je ne sais pas ; mais maintenant, cette lecture me hante. Et j’espère qu’elle me hantera longtemps. Pour celles et ceux qui lisent en diagonale depuis le début, l’information importante est la suivante : j’ai aimé ce livre comme rarement cela m’arrive. Parce qu’il parle de l’horreur du conflit, du régime nazi, mais aussi de la guerre en général, et de l’effet sur les populations civiles. Comme pour le reste, avec beaucoup de retenue, mais l’effet est bien là. Parce que c’est un livre sur l’amour au sens large, et sur les démonstrations d’amour dans la vie quotidienne. La vie dans toute sa simplicité, et toutes ses nuances. Et aussi parce qu’avec un titre pareil, ce livre parle des mots, du pouvoir qu’ils ont. Qui dépasse largement la fiction. Oui, la fin tire des larmes. Parce que ce qui se déroule est affreux. Je ne sais pas si réalité historique il y a, mais l’effet est bien là. Cela aurait pu se passer ainsi. La guerre laisse un paquet de victimes dans son sillage, et la Mort est là pour les ramasser. Dans notre cas, commenter ce qu’elle voit. Tout reste pourtant dans la finesse et la sobriété, et la narratrice laisse le lecteur au côté des multiples victimes, le cœur en charpie, les émotions au bord des lèvres, le visage déchiré par la tristesse, la violence, et la beauté de ce qui nous est conté. Et franchement, je n’en rajoute pas. En quatre jours, j’ai passé quatre ans dans la rue Himmel ; j’ai fini ce livre dans ma chambre d’hôtel à Berlin (ironique, non ?), avec peut-être un peu plus de sagesse, d’humanité, et surtout quelques fantômes supplémentaire avec moi. Ok, je suis sous le choc. A lire.
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Rentrer dans ce livre a été compliqué et douloureux (il a fallu que je m’y reprenne à deux fois). L’histoire met un certain temps à démarrer, le lecteur ne sait pas trop où il va, alors même que l’on n’est pas dans un roman de fantasy qui prend du temps pour expliquer l’univers dans lequel évolue ses personnages (il le fait, mais juste ce qu’il faut). On est dans de la fantasy avec moult action, et peu de contemplation. Et si je suis globalement satisfaite de A Darker Shade of Magic, je pense que c’est justement d’un peu de contemplation dont j’ai manqué.
Dans les premières pages du roman, nous faisons la connaissance de Kell, l’Antari de la famille royale de Londres. Du Londres rouge tout du moins. Car dans de l’univers dans lequel Kell et sa famille évoluent, il y a quatre « couches » de Londres qui existent en même temps. D’abord le Londres gris, le Londres que nous connaissons, sans magie, mais au XIX siècle. Puis le Londres rouge, dans une autre dimension, où la magie est chose commune et où elle prospère. Le Londres blanc, un monde dirigé par la peur et la violence et où la magie est fortement recherchée. Et enfin le Londres noir, un Londres qui a été détruit par la magie trois siècles auparavant. Des portes reliaient auparavant les quatre villes entre elles, mais depuis la disparition du Londres noir, le rouge a choisit de se couper de ses voisins, limitant au maximum les voyages. Seuls les Antaris (magiciens très puissants pouvant ouvrir les portes) avaient droit de passage. Aujourd’hui, Kell est le seul Antari du Londres rouge, et sert entre autres de facteur pour la Cour royale. Malheureusement, lors de l’un de ses voyages, il va ramener dans ses poches un objet qu’il n’aurait pas dû, et les ennuis vont dès lors commencer pour les trois Londres encore debout. Ça fait un résumé conséquent rien que pour l’univers (je n’ai pas parlé de la magie par exemple), mais les choses sont limpides dans le roman, la lecture est fluide et laisse plutôt la part belle au déroulement de l’histoire. Outre Kell, le lecteur va côtoyer Lila, une (presque) pirate du Londres gris, Rhy, le prince couronné du rouge, et vaguement Holland, l’Antari du blanc ; mais surtout Kell et Lila. Cependant, là où Lila a été un personnage haut en couleur, j’ai plus de réserve sur Kell. Le suivre a été agréable, il était plutôt sensé, avait ses moments de faiblesses comme de coups d’éclat, mais il m’a parfois semblé un peu plat par rapport aux trois autres protagonistes. Ou peut-être plus nuancé qu’eux, à la fois plus riche, plus mis en avant, mais aussi un peu éclipsé, comme s’il devait parfois laisser de la place aux autres. Kell est bien dépeint, mais ne laisse pas de marque indélébile dans l’esprit du lecteur, contrairement à Rhy et Holland particulièrement, dont les esquisses laissaient présager de belles choses. Peut-être pour les tomes suivants ? A Darker Shade of Magic, c’est un bon divertissement (avec un vraie fin, malgré la suite, le livre se suffit à lui même), mais pour parfaire la chose, j’aurais aimé que l’auteure prenne parfois un peu plus le temps, se livre peut-être à plus d’introspection, calme le tempo pour que le lecteur puisse mieux appréhender les différents mondes : le récit manque parfois un peu d’ambiance, d’âme, et oserais-je le dire, de noirceur. Là, le rythme de l’histoire ne laisse pas de place à ce genre de détails, et va à l’essentiel. Cependant, avec ce premier chapitre définitivement clos, j’ai bon espoir de voir mes attentes réalisées dans les prochains opus (en espérant que le 2e tome ne soit pas juste du réchauffé, le même livre mais la découverte en moins, comme pour une autre série entamée dernièrement). Et puisque ce sont les vacances, il n’y a pas de raisons pour que je ne découvre pas ça rapidement ! A lire si : - vous aimez la fantasy orientée action - vous voulez un univers original - vous aimez les manteaux pratiques J’étais d’humeur à une lecture légère, et poussée par les excellentes critiques, je me suis plongée dans le premier tome de Dynasties, écrit par Ilona Andrews, le couple américain que l’on ne présente plus. J’avais déjà commencée cette lecture il y a quelques années, mais avait arrêté devant le manque flagrant d’originalité, qui avait tendance à m’ennuyer (d’après mes souvenirs). Je suis cette fois-ci allée jusqu’au bout, et confirme ma première impression : ce n’est pas cette série qui révolutionnera l’Urban Fantasy. Cependant, la lecture est efficace et bien agréable.
Commençons par les choses qui fâchent, les clichés, avec en première ligne le couple qui tient l’histoire : Nevada Baylor et Mad Rogan (les deux personnages présents sur cette fameuse couverture US absolument hideuse qui rend la lecture du roman en public plutôt compliquée (non, je ne mettrais pas d’image)). Nevada, sans être une Mary-Sue, mérite quand même le titre de special snowflake du roman. Elle n’est jamais dans la démesure, aime son prochain mais surtout sa famille, a connu une relation amoureuse mais sans passion (on se demande bien de quel côté elle va trouver cette passion…). Douée avec les armes à feu, compétente dans son job de détective privée (et encore une détective privée dans de l’Urban Fantasy !) tue en dernier recours, et cela tâche sa conscience. Et bien sûr, elle a des dons cachés. En face d’elle, Connor Rogan, Mad Rogan de son surnom, en raison de sa psychopathie latente : l’athlétique, magnifique, grand, beau, rugueux (rugueux, rendez-vous compte), musclé, charismatique, sexy, imposant, intelligent trentenaire a fait l’armée et est devenu célèbre en raison de ses pouvoirs exceptionnels, y a tué beaucoup de gens en y prenant bien du plaisir (mais en pensant au bien de la nation, attention!). Les auteurs nous font le coup de bad boy au grand coeur, Mad Rogan n’a pas peur de tuer, cela ne lui fait rien, il prend tout ce qu’il peut chez les autres sans s’en excuser, mais attention, il aide ses employés, il fait tout pour eux, et eux en retour lui vouent une adoration sans bornes. Gnnnnn. Dans le monde de Nevada et Mad (Mad…), un sérum donnant des pouvoirs à qui s’en administre a été découvert à la fin du XIXe siècle. D’abord réservé à l’armée, les civils ont vite pu s’en emparer, et la population au complet s’est retrouvée avec des pouvoirs plus ou moins impressionants. Houston, de nos jours. Le sérum n’est plus utilisé, en raison des lourds problèmes causés par les gens avec des capacités trop démesurées. Les pouvoirs ne se passent plus que par hérédité, ce qui a fait naître des Maisons : les gens dotés de dons au-dessus de la moyenne ne se marie qu’entre eux, pour garder au maximum leur influence, leur richesse, leur contrôle. Nevada compte parmi la plèbe, elle n’a qu’un petit pouvoir, elle sait quand les gens lui mente. Mad est un Majeur (capacité vraiment exceptionnelle), un télékinésiste. Les deux vont devoir s’allier pour résoudre une enquête, mais bien sûr, la collaboration ne se fera pas sans heurt (parce que Nevada est prise à la gorge, parce que Mad pense pouvoir tout acheter). Le monde de ce livre est violent, un brin machiste (bien sûr, les représentants des maisons avec de gros méchants pouvoirs de Majeurs sont des hommes), tout le monde menace tout le monde à tout de bout de champ (c’est un poil fatiguant… « grrrr, je vais te tuer si tu fais ça….grrr, touche moi et je te le ferai payer »). Voilà, du bon gros cliché. Si vous décidez donc de lire Burn For Me/Entre les flammes, il faut en avoir conscience. Cependant, si cela n’est pas gênant pour vous, ou si vous arriver à en faire abstraction, la lecture vaut le coup. Le couple Andrews connaît son affaire, sait écrire de façon simple, sait faire monter le suspense, distiller les bons ingrédients au bons moments. De plus, le monde imaginé permet toutes les fantaisies, et réserve sa part de surprise. Les pouvoirs des différents individus rendent la violence de ce monde presque comme le notre crédible. Le principe des Maisons, des mariages arrangés, du monopole du pouvoir, rajoute un petit côté historique qui fait plaisir, et qui se marie parfaitement bien avec le côté scientifique, et les recherches sur les capacités spéciales de chaque famille. Vraiment, j’ai adoré ce monde de Dynasties. J’ai beau avoir parfois levé les yeux au ciel devant certaines situations, la mythologie coule tellement de source qu’on pourrai tout passer au scénario. Celui-ci, classique pour de l’Urban Fantasy (une enquête, des fausses routes, des alliés inattendus, des bastons de temps en temps), fait son job. Le mystère est résolu à la fin de ce premier tome. Cela aurait pu freiner mon envie de découvrir le 2e (mon cœur va aux séries dont les opus ont un fil conducteur, pas des histoires indépendantes les unes des autres), mais l’épilogue, très efficace et du point de vue de Mad Rogan, relance déjà un nouveau conflit, et me donne très envie d’ouvrir White Hot (mais toujours sur ma liseuse, parce la couverture, merci mais non merci). Donc, cette nouvelle série du couple Andrews (prévu en trois tomes, les deux derniers tomes étant sortis en 2017) ne sort pas des sentiers battus. Elle utilise des artifices déjà vu et revu, mais de façon efficace, sans trop en faire. Oui, il y a des défauts, de quoi râler, mais c’est une lecture divertissante bien faite, et qui m’a fait très plaisir à lire. J’espère que beaucoup pourront également y trouver leur compte ! A lire si : - vous aimez votre urban fantasy avec un soupçon de romance - si vous avez une bonne résistance aux clichés habituels (héroïne forte mais pas trop, héros autoritaire mais avec un grand cœur) - vous voulez découvrir une mythologie originale |