J’ai fini par lire le premier tome de Rose Morte, pas très inspirée, mais un peu lassée de voir apparaître dans mes recommandations un roman avec des avis aussi enthousiastes. Et comme je le sentais, je n’ai pas particulièrement aimé. On était sur de la romance historique un peu tirée par les cheveux, le côté paranormal me paraissait très peu exploité, et c’était inutilement long. J’ai laissé le livre de côté, et je suis passée à autre chose. Vite lu, vite oublié ! Et puis quelques six mois plus tard, j’ai eu l’occasion de lire le deuxième tome. En panne livresque, et je l’avoue un peu vexée de n’avoir pas adhéré à un roman si adulé, je l’ai commencé. Le premier tome n’étant plus très frais dans ma mémoire, je n’ai pas compris grand-chose des enjeux de la lecture. Qu’importe, j’ai adoré. Je me suis empressée de relire le premier tome, me morigénant : comment avais-je pu passer à côté d’un telle histoire ? Bien sûr que La Floraison est excellent. Et bien sûr que la relecture de Trois Épines est encore plus passionnante quand on reconnaît un peu mieux l’univers mis en place. Rose Morte et moi, c’était parti pour durer. Rose Morte, ce sont des influences diverses et variées remises au goût du jour, et qui fonctionnent parfaitement. La série est présentée comme étant le parfait mélange entre Orgueil et Préjugés et Dracula ; l’auteure Céline Landressie revendique son inspiration romantique ; je rajouterais un côté tragédie grecque assez prononcé. La plume dévoile un style plutôt efficace, mais surtout avec le choix du bon mot, du terme adapté. Qui dit romantisme dit exubérance des sentiments, et les écrits de l’auteure retransmettent avec justesse les émotions exacerbées de ses héros. Les héros, parlons-en ! Ils sont au nombre de quatre : Rose, Artus, Adelphe et Vassili (ce dernier n’intervenant qu’à partir du deuxième opus). Comme le nom de la série l’indique, nous suivons principalement Rose ; le récit se fait à la troisième personne du singulier, mais impossible de rentrer dans les esprits d’un autre personnage que la belle rousse. Rose, de son premier prénom Eileen, est un personnage entier. Nous la rencontrons alors qu’elle est âgée de 28 ans, mais frustrée par sa condition de femme qui l’empêche de vivre sa vie comme elle le voudrait. Les années passant sous les yeux du lecteur, nous la découvrons passionnée, têtue, obstinée, combattante, parfois trop partiale et manichéenne, mais jamais foncièrement mauvaise. C’est un vrai plaisir que de la suivre. A ses côtés, Artus, Adelphe et Vassili semblent bien plus obscurs. Impossible de connaître leurs états d’âmes, et les trois hommes n’étant pas du genre à s’épancher facilement, une aura de mystère flotte autour d’eux. Ils ont néanmoins des traits bien distincts, l’arrogance d’Artus, la douceur d’Adelphe, la retenue de Vassili. Tous gagnent l’affection du lecteur, et comme Rose, ledit lecteur se retrouve à analyser les moindres faits et gestes de ces personnages pour tenter de comprendre leurs comportements. En plus d’être particulièrement réussis, les héros évoluent dans des contextes très différents d’un tome à l’autre, permettant de voir une belle évolution dans leurs rapports et leurs agissements. Le premier tome commence en effet en 1598, et le deuxième quelques décennies plus tard. Bien que n'étant pas une spécialiste des époques dépeintes (de ce que j'en sais), Céline Landressie a réalisé un gros travail de recherche pour présenter le cadre de son histoire de manière crédible. Et y rajouter le côté paranormal de la façon la plus naturelle possible. L’ambiance mystérieuse et noire du premier tome se met en place dans la première moitié, qui garde toutefois un côté romance historique plutôt réaliste. Une fois la seconde moitié entamée, cependant, le côté paranormal se dévoile timidement, pour monter en puissance, et exploser dans le second tome. Car si les intrigues historiques sont de la partie, c’est surtout la politique de ce deuxième monde obscur que nous suivons. Trahisons, jeux de pouvoir et complots flottent au-dessus des lignes, chaque tome possédant une histoire distincte, avec une trame principale se développant en fond et se dévoilant un peu plus à chaque livre. Et toute relecture dévoile de nouveaux détails (ou alors, c’est moi qui ne suis pas toujours très attentive, c’est possible également…). Oui, j’aime cette saga. C’était donc tout naturel que je la relise une nouvelle fois juste avant la sortie du troisième tome. Que j’ai dévoré. Et qui comme le premier m’a laissé plutôt perplexe, tant j’attendais quelque chose de différent. L’auteure m’avait habituée a des romans se déroulant sur des périodes plus longues, laissant plus de place aux personnages. Clairement, ce troisième tome m’a étonné. Mais après relecture (oui, encore une), je peux bien dire qu’il s’agit de mon opus préféré. Il est incisif, mais l’attention portée à chaque scène dévoile un trésor de détails. Une vraie pépite d’actions et de sentiments. Promis Mme Landressie, lorsque sortira le quatrième tome, je n’aurai pas d’idées préconçues, je vous ferai confiance de la première à la dernière ligne, car une chose est sûre, vous savez ce que vous faites. Pour ne pas paraître complètement partiale, j’ajouterai que oui, il y a des défauts dans cette saga. Principalement quelques clichés, car oui, les personnages principaux sont des gravures de mode (quoique pour une fois, la chose est expliquée, ce qui est plutôt agréable). Le commencement de leur périple se fait de manière plutôt convenue (une femme que sa condition révolte, qui ne sait comment se battre, qui rencontre l’homme mystérieux qui lui dévoile un nouveau monde), mais peu importe, car c’est incroyablement bien exécuté. Oui, dans le deuxième tome, Rose perd énormément de temps en tergiversions, et elle n’est franchement pas aidé par ses comparses, mais tant pis, mon petit cœur aime saigner avec elle. Rose Morte reste pour moi une grande saga littéraire, qui m’aura fait et me fera passer par de multiples émotions. Des romans qui me donnent le sourire et l’envie de vivre à fond. Je pourrais m’étaler encore pendant longtemps pour en parler, mais alors cette chronique n’aurait vraiment plus aucun sens, et je n’ai même pas envie de trop en dévoiler. J’attends avec impatience le quatrième tome, Ikebana, qui je le pense (moment spéculation !) se déroulera à l’époque actuelle (et là, je me demande très fort si le cinquième se déroulera lui aussi à notre époque, ou dans le futur...ça fume ça fume). J’ai hâte d’avoir les réponses à de très nombreuses questions (mais qu’est-ce qu’Artus attend précisément de Rose, bon sang ?!), mais je crains également le dénouement, qui ne pourra être que doux amer (quand ton troisième tome s’intitule Flétrissures, t’imposes une ambiance quand même). « Puisque cette voie avait été tracée pour elle… A lire si :
- l’exubérance des sentiments ne vous rebute pas - vous aimez les intrigues politiques - le roman historique vous plaît - vous n’avez rien à lire, franchement, essayez
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